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Mazarinade n° C_6_67

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Anonyme [1649], LE PROCEZ, L’ADIOVRNEMENT PERSONNEL, L’INTERROGATOIRE, ET L’ARREST DE MORT DV ROY D’ANGLETERRE. Auec ce qu’il dit & fit deux iours auant sa mort: Et la Harangue qu’il prononça sur l’échaffaut. Selon le rapport de plusieurs Gentils-hommes Anglois qui y assisterent, & meirent le tout sur des tabletes. Fidelement traduit de l’Anglois, par le sieur DE MARCYS, Interprete & Maistre pour la langue Françoise du Roy d’Angleterre regnant à present, & de son Altesse Royale Mgr le Duc d’York son Frere. , françaisRéférence RIM : M0_2888. Cote locale : C_6_67.


le Roy exercer les fonctions d’vn soldat & d’vn Capitaine. Tellement que
les mesmes actions qui ont donné des Couronnes & des triomphes a des Cesar,
& à des Alexandres, pour auoir dépoüillé toute la terre, donnent la mort
& des pompes funebres à vn Roy qui veut maintenir son autorité, la liberté
de ses Peuples, & la Religion de ses Predecesseurs. Barbares plus dénaturez
que les Barbares mesmes. Encore lisons-nous que la vertu a trouué quelque
recõpense parmy eux, & qu’ils l’ont estimée mesme dans la personne de leurs
ennemis. N’estoit-ce pas assez que vous fussiez victorieux, sans insulter par
vos accusations iniustes & ridicules, au mal-heur de vostre Prince ? vous
possediez tout, & sa vie qui estoit entre vos mains, vous estoit vn thresor
le plus cher que vous possedassiez, & vous seruoit de gage pour tout le reste.
Mais Dieu a voulu oster ce Iuste de parmy vous, parce que ses prieres
arrestoient le bras de sa Iustice, & a permis que vous attirassiez sur
vos testes criminelles par la mort de ce Prince, la vengeance des autres
Monarques, qu’vne longue & honteuse prison ne pouuoit animer.
 
Le Vendredy le Roy ne fut pas au Parlement, lequel employa ce iour à
resoudre ce qu’ils executeroient le iour suiuant, & le Roy à se consoler
auec Dieu seul, & luy faire vn sacrifice de sa vie & de sa Couronne.
Le Samedy sixiéme de Fevrier, la Chambre estant assemblée, où le President
estoit en robe rouge, le Roy fut conduit deuant eux par ses satellites
ordinaires, & comme il passoit par la grande Salle de Wesminster, les
plus infames d’entre le peuple, crierent comme les Iuifs deuant le Consistoire
de Pilate, Iustice, Iustice, Execution. Le Roy estant entré dans la
Chambre, dit qu’il auoit des choses de grande importance à declarer, &
qu’il luy fust permis d’estre oüy deuant les Seigneurs & les Communes.
Surquoy la Cour fit retirer le Roy pour mettre la chose en deliberation,
& il fut resolu qu’il ne seroit pas oüy, parce disoient-ils, qu’il ne demandoit
cela que pour prolonger l’affaire, & qu’on ne sçauoit pas ce qui se
pouuoit brasser cependant.
Demy-heure apres le Roy fut ramené, & le President ayant fait vne
longue deduction de toutes les marques d’vn mauuais gouuernement, dit
que le Roy en estoit coupable, & rapporta plusieurs exemples des Roys
qui auoient esté mal traittez de leurs sujets, & entr’autres de cette innocente
& sainte Princesse Marie Stwart ayeule du Roy, que la politique
impie d’vne autre Iesabel sacrifia à sa ialousie & à son ambition.
Ce long Panegyrique des meurtres execrables de Reynes & de Roys
estant acheué, le President commanda à l’Orateur de lire encore vne fois
la liste de tous les crimes dont le Roy estoit accusé, en suite dequoy il
prononça l’Arrest de mort en ces termes.
Charles Stwart cy-deuant Roy d’Angleterre, comme Tyran, Traistre,
Meurtrier, & Ennemy public, sera mis a mort par la separation de la teste
de son corps.
Ces barbares mesmes furent estonnez de la constance auec laquelle ce