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Mazarinade n° C_6_67

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Anonyme [1649], LE PROCEZ, L’ADIOVRNEMENT PERSONNEL, L’INTERROGATOIRE, ET L’ARREST DE MORT DV ROY D’ANGLETERRE. Auec ce qu’il dit & fit deux iours auant sa mort: Et la Harangue qu’il prononça sur l’échaffaut. Selon le rapport de plusieurs Gentils-hommes Anglois qui y assisterent, & meirent le tout sur des tabletes. Fidelement traduit de l’Anglois, par le sieur DE MARCYS, Interprete & Maistre pour la langue Françoise du Roy d’Angleterre regnant à present, & de son Altesse Royale Mgr le Duc d’York son Frere. , françaisRéférence RIM : M0_2888. Cote locale : C_6_67.


AV LECTEVR.
Mon deuoir & les attachemens que j’ay à la Cour d’Angleterre, m’ont
obligé de mettre la main à la plume pour desabuser le public, & sauuer
vne seconde vie, ie veux dire la reputation au plus juste & plus infortuné
Prince qui fut iamais.
Ses ennemis pour insulter à son malheur apres sa mort, ont fait imprimer à Londres,
vne Relation de son procez & de ses dernieres paroles, conforme à leurs autres
actions. Et le pis est, qu’vn Interprete de Roüen les a traduites en nostre langue,
la prenant pour veritable.
Ce Prince auoit tous les dons naturels & acquis. Il estoit beau, grand & de bonne
mine. Pour les qualitez de l’ame il estoit iuste & debonnaire, haïssoit le vice & les
plaisirs des sens horsmis la musique, la chasse, la danse, la peinture & la sculpture.
Il estoit sobre, chaste, pieux, accort & iouial. Il auoit le iugement bon, estoit eloquent
& entendoit fort bien les Loix de son Estat, & la Religion. Il auoit toutes
les qualitez d’vn Gentilhomme bien éleué, & particulierement estoit fort bon homme
de cheual. Il a donné durant la guerre Ciuile des marques de valeur & de prudence
extraordinaires, qui sont deux vertus qui se rencontrent rarement en vn
mesme sujet. Il auoit vne inclination particuliere pour la Nation Françoise, aimoit
les mœurs & la politesse de leur reduciton. Il cherissoit la Reyne sa femme plus
que luy mesme, & n’estoit pas meilleur Pere de ses enfans que de ses subjets. Mais
la vertu qui a causé sa ruine, est qu’il auoit horreur de la cruauté, & qu’il estoit
persuadé qu’il n’estoit pas iuste de faire mourir personne pour sa Religion ; Ses ennemis
ont pris pied là-dessus qu’il estoit Catholique, & ayant mis l’alarme dans
l’esprit des peuples, jaloux de leur Religion, ont jetté sur ce pretexte le fondement
de leur rebellion.
Glorieuse cause ! illustre crime ! pleust à Dieu que ce Prince en fusse coulpable, à
peine que ses ennemis fussent innocens.
Ie te donne aduis Lecteur, que ie fais distribuer vn Liure qui traite des causes
& premiers mouuemens de la guerre Ciuile d’Angleterre, & de la constance des
Catholiques à souffrir pour la cause de Dieu & de leur Prince. Il se vend ruë Betisy
chez vn Chirurgien, vis à vis la ruë Tire-chap.