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Mazarinade n° B_14_11

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Anonyme [1652], LE RAISONNABLE PLAINTIF, SVR LA DERNIERE DECLARATION DV ROY. , français, latinRéférence RIM : M0_2969. Cote locale : B_14_11.


Senat & de tout le peuple. Et quand sainct Pierre commande
aux seruiteurs d’obeïr à leurs Maistres, etiam dyscolis,
ce mot signifie seulement quand ils sont moroses &
de mauuaise humeur ; autre chose est quand ils tuent, &
qu’ils massacrent, alors cette obligation n’est plus dans
ses bornes. Alors la nature se declare, & prend la defense
legitime pour elle mesme, & foule aux pieds le pretendu
droict ciuil, en la mesme sorte que font ces Lyons appriuoisez,
quand ils ont souffert de leurs maistres quelque
grand outrage, qui les met au bout de leur patience, &
de leur docilité. C’est ce qui vient d’arriuer depuis nos
iours dans plusieurs Prouinces de l’Europe. Or il ne faut
point aller à Delphes pour sçauoir qui a posse les Princes
dans ces precipices, & qui leur a bandé les yeux pour
ne les pas apperceuoir Ce sont les infideles Conseillers,
& les Patrons de l’authorité absoluë. Vne domination
moderée n’est point suiette à ces accidens, & si elle reçoit
quelque atteinte, c’est par l’attaque du dehors ; car
par elle mesme & de son estoc, elle est presque immortelle,
ne plus ne moins qu’vn corps bien temperé, & sobrement
nourry, qui de soy ne forme ny fiévre ny abcez,
& qui ne peut estre endommage que par les accidens
estrangers. Qu’heureux seroient les peuples, & qu’heureux
seroient les Roys si on pouuoit purifier leurs Cours
de la contagion de ces pestes. Or cela n’est pourtant pas
impossible, car nous sçauons qu’il y a des Royaumes en
l’Europe, où le nom de Fauory n’est non plus en vsage
que la chose. Pourquoy la France, l’Espagne & l’Angleterre
ne s’en pourroient ils pas bien passer ? Mais puis
que cette maudite engeance est si opiniastre à nous affliger,
& qu’ils ne veulent pas démordre ny se destacher
de nostre peau, quoy qu’ils regorgent de nostre sang : soyons
de nostre part perseuerans à nostre legitime defense,
& taschons d’en dégouster & desabuser nos Lois &
nos Reines qui les protegent.
 
Quant aux fauoris & fauteurs de la puissance absoluë,
ne leur faut pas tant de respect ; nous auons assez de