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Mazarinade n° C_9_63

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Anonyme [1649], LE REPENTIR DE MAZARIN PAR LVI TESMOIGNÉ A LA REYNE, ET LA DEMANDE DE SON CONGÉ. , françaisRéférence RIM : M0_3352. Cote locale : C_9_63.



Ie sçay que le desordre des peuples est plutost enchantement
du Ciel, que l’effect d’aucune malice, lors qu’ils
se leuent pour porter leurs plaintes à leurs Souuerains, &
s’opposer à l’oppression, & tyrannie de leurs fauoris ; C’est
pourquoy ie coniure vostre Majesté de ne me pas priuer de
l’aduantage, que i’espere de ma retraitte, & du succez fauorable,
que i’attends de mon heureux repentir.
Ne refusez cette grace à mes desirs ; mes demerites excuseront
vos bontez, & la iustice qui se doit mesme exercer
enuers les Souuerains, ne doit pas exempter leurs fauoris.
La foudre donne aussi bien sur les Lauriers, & les
Cedres, que sur les ronces, & les buissons, les peines duës
aux forfaits ne doiuent point estre changées par la distinction
des grades, n’y des personnes. Le Ciel absoudra vostre
conscience de la protection, que Vostre Majesté m’a
iurée, & au lieu qu’elle se ressente obligée à mon salut, ie
souhaitte qu’elle ne le soit ; qu’à ma perte, puis qu’elle sert à
la tranquillité de la France.
Ie ne suis plus Ministre, parce que les Ministres sont
éleus comme les sujets les plus dignes, en prudence, & en
fidelité, pour regir & commander les autres. Ie ne suis
plus Cardinal : car la pieté d’vn Cardinal, qui ne doit s’employer,
que pour la gloire de l’Eglise, & de la paix de la
Chrestienté, n’eust peu s’emporter à des intrigues si detestables,
que de rompre la Paix entre les Couronnes Chrestiennes,
porter les armes du Turc contre les Chrestiens,
pousser les peuples à faire mourir leurs Roys legitimes
auec infamie sur les eschaffauts, mettre le feu de la diuision
dans l’Italie, fausser la foy à des personnes, qui se sont
precipitez dans les reuoltes à mes persuasions, & entreprendre
vne guerre contre le Sainct Pere, sous pretexte
d’estendre les bornes de la France.
Quelles doutes, Madame, sçauriez-vous auoir de ma