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Mazarinade n° B_19_23

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Anonyme [1650 [?]], LE REVEILLE-MATIN DE LA FRONDE ROYALLE, SVR LA HONTEVSE PAIX de Bourdeaux. , françaisRéférence RIM : M0_3537. Cote locale : B_19_23.


qui y au oient du commandement, pour y reüssir si
bien qu’il a fait.
 
On eut pû en quelque façon supporter vne telle imprudence,
si elle eut pû estre legitimement protestée de
quelque apparence de bon succez, ou de quelque resolution
equitable ; Mais sçachant qu’il n’a entrepris ce
honteux voyage, que pour conseruer vn Gouuerneur,
qui en depit de son Eminence, a esté exclus auec toute sa
posterité des pretentions qu’on luy faisoit esperer sur la
Prouince de Guyenne ; estant tres-certain que le seul dessein
qu’il auoit de la donner pour appanage à vne de ses
niepces, l’a obligé d’y faire inutilement perir six mil hommes
à la confusion du Roy, & de ceux qui l’ont appuyé à
l’execution d’vne si belle entreprise ; & estant encore
plus constant que ce voyage n’a esté fait que pour authoriser
sa tyrannie en France, il n’y a point d’homme d’honneur
qui puisse approuuer vne telle conduitte.
Vn bon Ministre n’eut-il pas deu auoir esgard (sans porter
les choses à l’extremité) aux tres-humbles remonstrances,
que le Parlement de Bourdeaux fit à sa Maiesté,
la suppliant de ietter ses yeux de compassion sur les violances
du Duc d’Espernon, duquel il demandoit auec
soûmission l’esloignement pour la tranquillité de la Prouince,
pour le repos du peuple, & pour le bien de l’Estat,
dans vn temps mesme, auquel on eut pû aduantageusement
pour le Roy donner du remede aux maux de cette
Prouince, que le Cardinal a rendus apres incurables par
son caprice, Il pouuoit, dis-ie, dés l’heure appaiser les
troubles de Guyenne sans sortir du Palais Royal, & sans
en faire souffrir l’affront au Roy par son peu de iugement.
Cette nation qui a tousiours donné des veritables preuues
de sa generosité, a encore fait voir dans ce rencontre,
que l’aduersion naturelle qu’elle a pour la captiuité, ne
luy permettoit pas de fléchir honteusement à l’impetuosité
de son ennemy, qui s’emparoit effrontement de l’authorité