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Mazarinade n° C_9_86

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Anonyme [1649], LE ROMAN DES ESPRITS REVENVS A S. GERMAIN. , françaisRéférence RIM : M0_3559. Cote locale : C_9_86.


Roy luy eut tesmoigné son enuie, touchant l’Histoire
qu’il auoit promise dés le commencement :
Il prit la parole en cette sorte.
 
Sire, ie ne prendray point icy d’autre histoire que
la mienne, & ne vous diray rien qui ne me soit arriué,
depuis que ie suis dans le ministere : i’ay esté
tousiours tourmenté d’esprits, ils n’ont pas manqué
vn seul iour de m’apparoître, ny vne seule nuict de
troubler mon repos ; mais ils ne m’ont iamais fait
tant de peine, ny traitté si rigoureusement, que depuis
la nuict des Roys que ie tiray vostre Maiesté de
Paris, pour venir à sainct-Germain. Il semble depuis
ce temps là qu’ils soient deuenus enragés, ils
ne taschent qu’à me nuire, & à m’inquieter, & ie
n’en treuue pas vn bon qui me flatte de quelque
douce harmonie, comme auparauant, pour m’endormir,
& me donner quelque relasche. Encor il
semble que l’enfer a fait ouuerture de toutes ses
portes, & qu’il a déchaisné les plus meschants contre
moy. Il en vient des trouppes innombrables
m’attaquer par leurs menaces, & m’espouuenter
par leurs cris funestes, & quelques fois m’habillent
de toutes les couleurs imaginables, comme si i’estois
leur fou de feste. I’ay beau renforcer mes gardes,
cela ne les empesche point de venir, & ces
mal-heureux esprits ne treuuent point d’obstacles,
qui les arrestent : ils sont tousiours aprés ma quëue,
& i’ay peur qu’il n’y en ayt icy quelqu’vn qui m’escoute,
& qui n’aille reporter aux autres tout ce que
ie dis à present. La Reyne l’interrompit à ces mots,