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Mazarinade n° C_9_86

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Anonyme [1649], LE ROMAN DES ESPRITS REVENVS A S. GERMAIN. , françaisRéférence RIM : M0_3559. Cote locale : C_9_86.


& s’escria toute craintiue : ha mon Dieu ! Monsieur
le Cardinal, que vous me faites peur, ie mourrois
s’il en venoit quelqu’vn à ma chambre, quand ie
suis toute seule, ie feray coucher cette nuict toutes
mes filles à ma chambre : encor ne me croiray-ie
pas trop bien gardée. Toutes les autres femmes de la
trouppe s’escrierent à son imitation, & protesterent
de faire le semblable, horsmis Madame la
Princesse la mere, qui leur dist : Ne voyez vous pas
bien que Monsieur le Cardinal se moque, & que
ce n’est que pour vous espouuenter qu’il dit cela,
sans rire qu’il sçait bien nostre foible, & qu’il asseure
cela serieusement, afin d’auoir nostre creance.
Madame, reprit le Cardinal, il n’y a rien de plus
veritable que ce que ie vous dis sur cela. Monsieur
le Prince, le voyant persuadé, se mit à gausser, luy
& la compagnie, & dire que c’estoit de beaux contes,
dont on l’auoit bercé en son enfance, & qu’il
n’auoit iamais veu de ces esprits qui reuiennent ;
que ce n’estoit que de belles imaginations de quelque
mélancholique, pour amuser les femmes ; mais
trop sottes pour entretenir les hommes, & qu’au
reste il ne prendroit point la querele de Monsieur
le Cardinal, contre des ennemis qui estoient inuisibles,
que son épée n’estoit point à l’espreuue des
charmes, comme celle d’Amadis de Gaule, & que
ces esprits la changeroient bien-tost en vne dague
deplõb qui ployeroit iusqu’à la garde, au premier
coup qu’il viendroit à fraper. Le Roy qui estoit impatient
d’entẽdre le reste, asseura qu’il n’auoit point