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Mazarinade n° C_9_86

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Anonyme [1649], LE ROMAN DES ESPRITS REVENVS A S. GERMAIN. , françaisRéférence RIM : M0_3559. Cote locale : C_9_86.


premier à la porte a attendre les autres, & Mademoiselle
qui s’y presenta la premiere, luy dit, qu’il courroit à la
Guiche aussi bien que le Roy des Parthes. Il n’y eut que
M. le Prince qui demeura seul, bien plus estonné de les
voir fuir que du suiet de leur fuite ; il commença à leur
crier, qu’il ne falloit pas aller au bois qui auoit peur des
fueilles : & le sieur de la Melleraye qui l’entendit, dit,
qu’il les falloit brusler : il treuua le Duc d’Orleans au
bout de l’allée, qu’il pria de ne point aller si viste, & qu’ils
marcheroient ensemble, & il luy respondit vn peu
effrayé, qu’il feroit tout ce qu’il voudroit. Ce pendant
ie demeuray seul bien épouuanté d’auoir donné cette
alarme, & i’attendois à tout moment des Satellites plutost
que des esprits pour m’assõmer ; mais grace à Dieu,
tout se passa en risée : quand toute la trouppe se fut r’assemblée
à la porte, à qui M. le Prince persuada en raillant,
que des fueilles & vn peu de vent auoient causé tout
le desordre. Tout le monde se retira du iardin, & l’on
ferma la porte aussi tost apres, ie demeuray là en repos le
reste de la nuict, quoy que ie ne fusse pas sans crainte
que l’on enuoyast quelque determiné, comme le sieur
de Roquelaure, pour éprouuer l’auenture de l’esprit :
mais soit que cela fut estimé trop bas pour employer son
courage, ou que personne n’eut la pensée de l’engager à
faire coup, à la bonne pour moy, personne n’entra dãs
le Iardin tout le reste de la nuict, & le lendemain si tost
que la porte fut ouuerte, & que quelques-vns y furent
entrez, pour se promener en attendant le leuer du Roy,
ie me retiray bien viste de ce lieu, & ie m’en vins à Paris
sans dire Adieu à personne.
  <p rend="center">FIN.