[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° E_1_78

Image de la page

Anonyme [1649], LE ROMAN DES ESPRITS REVENVS A S. GERMAIN. Burlesque & serieux. Et le QV’AS-TV VEV DE LA COVR, Ou LES CONTRE-VERITEZ. Sur l’imprimé à PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_3559. Cote locale : E_1_78.


bercé en son enfance, & qu’il n’auoit iamais veu de ces esprits
qui reuiennent, que ce n’estoit que de belles imaginations de
quelque mélancholique, pour amuser les femmes ; mais trop
sottes pour entretenir les hõmes, & qu’au reste il ne prendroit
point la querelle de Monsieur le Cardinal, contre des ennemis
qui estoient inuisibles, que son espée n’estoit point à l’epreuue
des charmes, comme celle d’Amadis de Gaule, & que
ces esprits la changeroient bien-tost en vne dague de plomb
qui ployeroit iusqu’à la garde, au premier coup qu’il viendroit
à fraper : Le Roy qui estoit impatient d’entendre le reste
asseura qu’il n’auoit point peur, & pria sa bonne Maman,
& les autres de ne rien craindre, & de laisser dire Monsieur
le Cardinal. Tout le monde se mit aussi-tost en deuoir de l’escouter,
& il poursuiuit en cette sorte. C’est vne verité que
l’Escriture saincte confirme, qu’il y a de ses esprits, & plust à
Dieu qu’il n’y en eust pas tant, ie serois vn peu plus à mon
ayse : & pour conuaincre la Compagnie sur ce qui en est ; ie
m’en vay gager tout ce qu’on voudra, quoy que dise Monsieur
le Prince, que les armes dont il s’est seruy pour gaigner
ses victoires, & celles dont il s’est seruy tout nouuellement à
la bataille de Lens, qui estoient si claires & si luisantes, &
/> qui auoient esté fourbies & esclaircies par ces esprits dont ie
parle, sont à present deuenuës toutes noires par la malice
de ces mesmes esprits qui se sont piquez de les voir trop
esclatantes. Tout le monde jetta les yeux sur Monsieur le
Prince : ce qui l’obligea à dire qu’il auoit à son costé la mesme
espée dont il s’estoit seruy à la bataille de Lens, & que si
le Roy luy vouloit donner la permission de la tirer en sa presence,
on verroit la verité de ce mystere.
 
Le Roy, sans luy donner le loisir de la tirer, luy-mesme l’alla
prendre & la mit hors du fourreau, & on remarqua sur la
lame quelque petites taches noires, & les Dames dont l’imagination
estoit preuenuë, y en treuuoient beaucoup dauantage.
Luy sans s’estonner de cette belle preuue, leur dist que
ces taches n’estoient qu’vn peu de roüille qui s’estoit là engendrée,
à cause qu’il auoit esté vn peu long-temps sans la
tirer du fourreau. Toutes les femmes pour lors se treuuoient