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Mazarinade n° E_1_78

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Anonyme [1649], LE ROMAN DES ESPRITS REVENVS A S. GERMAIN. Burlesque & serieux. Et le QV’AS-TV VEV DE LA COVR, Ou LES CONTRE-VERITEZ. Sur l’imprimé à PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_3559. Cote locale : E_1_78.


fus rauie d’auoir le bien de sa compagnie, pour apprendre auecque
plus de liberté toutes les nouuelles. Apres les informations de santé
de part & d’autre, ie luy demanday ce qu’il auoit appris à la Cour,
mais plutost ce qu’il y auoit veu ; marchons, dit il, i’ay bien assez dequoy
vous entretenir iusques à la ville. Nous nous mismes donc à
marcher tout doucement, lors il cõmença ce que ie vays vous dire.
 
Pour plaire à vostre curiosité, me dit-il, ie vous diray ce que i’en
sçais & ce que i’ay veu auec toute la fidelité possible. De vous dire ce
qui s’est passé depuis les Roys à S. Germain ; outre que ie serois trop
long, ie sçay bien que vous l’auez deu sçauoir, soit de la Conference
à Ruel, soit de l’emprisonnement de Monsieur de Rãtzau. Ie ne veux
vous dire seulement que ce que i’ay veu de fraische memoire, & que
i’ay remarqué de fraische datte. I’ay veu le Roy qui n’aimoit plus la
chasse, qui ne s’ennuyoit point d’estre à S. Germain, & qui auoit vne
affection des ordonnee pour Mr. le Cardinal ; Ie ne pûs point m’empescher
de l’interrõpre & de luy dire, ie crois que vous me faites vn
recit bien esloigné du vray semblable, encore moins de la verité.
Ce sut pour lors qu’il me dit que ie deuois prendre garde à ce qu’il
me diroit, veu qu’il n’obserueroit que la methode de la Cour, qui est
de flatter, & qu’ainsi ie deuois m’arrester au contre sens de tout ce
qu’il alloit me dite. Ie le remerciay, & luy dis que ie profiterois de
cét aduis, comme i’espere que d’autres qui liront cecy en profiterõt.
Il poursuiuit donc apres cette petite interruption, & me dit, i’ay
veu la Reyne qui hayssoit à mort Monsieur le Cardinal, qui aimoit
d’vn amour maternel les Parisiens, qui oublioit tout ce
qui s’estoit passé, qui vouloit retourner à Paris, pour y faire ses deuotions
à nostre Dame, & faire perdre tous les Partisants. I’ay veu le
petit Monsieur le Duc d’Anjou qui n’aimoit point Paris, & qui sollicitoit
le Roy à demeurer tousiours à S. Germain, qui caressoit Monsieur
le Cardinal, & qui n’estoit plus d’humeur iouiase cõme il auoit
accoustumé, pour le deplaisir qu’il auoit de voir qu’on vouloit retourner
bientost à Paris. I’ay veu Monsieur le Duc d’Orleans ferme
dans ses resolutions haïr Paris, mespriser l’Abbé de la Riuiere, pour
escouter fauorablement Madame sa femme, & Madamoiselle sa sille,
& vouloir aller terracer luy seul toute l’armee Parisienne. I’ay veu
Madame n’aymer plus à prier Dieu, aymer l’Abbé de la Riuiere, hayr
les Parisiens, & demander leur perte & la destruction de leur ville,
surtout du Palais d’Orleans. I’ay veu Mademoiselle sans ressentimẽt,
voir agir tout le monde sans rien dire, ne plus parler à personne, solliciter
Monsieur son pere à conseruer l’Abbé de la Riuiere qu’elle