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Mazarinade n° E_1_78

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Anonyme [1649], LE ROMAN DES ESPRITS REVENVS A S. GERMAIN. Burlesque & serieux. Et le QV’AS-TV VEV DE LA COVR, Ou LES CONTRE-VERITEZ. Sur l’imprimé à PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_3559. Cote locale : E_1_78.


les Parisiens de sa veuë, & leur faire amande honorable de tout
le tort qu’il leur a fait. I’ay veu l’Abbé de la Riuiere changer de poil
& de façon, n’auoir plus dessein de vendre son Maistre, mespriser les
presens du Cardinal, n’auoir point d’ambition pour vn chapeau rouge,
& vouloir retourner dans Paris, pour recognoistre la bassesse de
sa naissance, & demeurer auec sa mere dans la rue S. Honoré. I’ay veu
l’Euesque d’Alby Abbé de Beaumont se vouloir défaire de tous ses
benefices pour conseruer Alby, & donner de tres bons preceptes au
Roy. Cõme le genereux Mareschal de Villeroy n’a autre dessein que
de remener le Roy à Paris, & de ne laisser plus passer à Lyon aucuns
iustes qui iroiẽt en Italie. I’ay veu le Mareschal de Schomberg iuret
hautement la ruine de tout le Royaume, & son desordre. I’ay veu le
Mareschal de l’Hospital persuader à la Reine qu’elle ne doit respirer
que la vengeãce. I’ay veu le Mareschal Ranzau se declarer coulpable
du crime qu’on luy impute, & en attẽdre la punitiõ auec impatiẽce.
I’ay veu le Marechal de la Mesleraye n’estre plus affligé de la goutte,
ne plus iurer Dieu, n’estre plus impatiẽt, demander pardõ à Dieu de
toutes ses offenses, & vouloir marier son fils auec vne des niepces du
Card. I’ay veu le Mareschal de Grandmõt temeraire au dernier point
se repẽtir d’auoir fait ouurir les passagespour laisser venir les viures
à Paris. I’ay veu Mr. le Chãcellier ne vouloir plus signer aucunes lettres
de Noblesse, renõcer à tous les partis, sur tout à celuy des bouës,
& conseiller à la Reine, le prompt retour de leurs Maiestés dãs Paris.
I’ay veu Messieurs de Guenegaud & le Tellier, ne vouloir plus riẽ signer,
ny pour le Conseil ny pour la guerre, & Mr. de Guenegaud se
ressouuenant de la naissance de son pere, faire casde tous les laquais.
I’ay veu le Commandeur de Iarre ne point desauoüer la familiarité
qu’il a euë auec Mr. d’Emery. I’ay veu Messieurs de Saineterre, Tubeus
& Beautru disgraciés, pour n’auoir pas asses protegé Mr. le Card. &
pour auoir conseillé l’extinction du Prest. Duquel i’ay veu les sieurs
Bonneau, la Railliere & Catelan ne se plus soucier en demandant
eux mesmes la suppression. Enfin i’ay veu les filles de la Reine, n’aimer
plus à parler à personne, bannir les mouches & les affiquets, &
les gens de guerre ne plus voler, brusler, ny violer, veu la deffence
qu’on leur en a faicte.
 
Il commença ces discours au commencement du Cours, & nous
estions à la porte de la Conference quand il l’acheua, & là ie le remerciay
de sa bonne compagnie, de ses bonnes nouuelles, & ie pris
congé de luy quãd il gagna la ruë S. Honoré, pardeuant les Thuilleries,
& moy ie gagnay la ruë S. Anthoine par la valee de misere.

FIN.