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Mazarinade n° E_1_78

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Anonyme [1649], LE ROMAN DES ESPRITS REVENVS A S. GERMAIN. Burlesque & serieux. Et le QV’AS-TV VEV DE LA COVR, Ou LES CONTRE-VERITEZ. Sur l’imprimé à PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_3559. Cote locale : E_1_78.


dans la promenade. Et comme ie voulois estre seul pour
resuer à mon aise, ie me retiray par des chemins dérobez,
qui me menerent fort à propos, & comme ie le souhaittois,
dans vn jardin fort spatieux. Ie n’y fus pas plustost, que ie
choisis vn endroit vn peu écarté, où ie trouuay quelques sieges
qui seruirent d’abord à me reposer : mais voulant me
mettre encore plus à mon ayse, j’auisay dans vn taillis assez
espais, qui estoit derriere moy, vne petite place qui sembloit
auoir conserué sa verdure, malgré les rigueurs de l’hyuer,
I’allay me coucher mollement sur ce riche tapis, ou ie ne fus
pas long-temps sans m’endormir, soit que ie fusse fatigué du
chemin que i’auois fait, ou que ie fusse charmé du plaisir de
la solitude. Au milieu d’vn si doux sommeil, quelque bruit
importun de personnes qui parloient assez haut, m’éueilla
malgré moy, & rompit le charme de mes yeux qui ne vouloient
point s’ouurir. Ie ne fus pas plustost en liberté de
voir, que ie regarday du costé des sieges, où ie vis passer
vne troupe de Gardes & de Suisses, qui se disoient : il n’y a
personne, allons fermer les portes : Comme ie connoissois
la brutalité de ces gens-là, qui ne considerent personne, ie
ne branlay pas de ma place, de peur de receuoir quelque
coup, dont ces gens-là font bon marché ; & de plus, ie craignois
qu’ils ne me cherchassent pour me chastier, d’estre
entré si librement dans ce jardin sans leur permission : A
peine estoient-ils passez, qu’vne troupe magnifique de personnes
illustres parut au milieu de l’allée, qui venoit à petit
pas au lieu où ie m’estois reposé premierement. Ie ne fus
pas peu surpris à l’éclat de tant de majesté : & bien dauantage
quand ie reconnu le Roy, la Reyne, le Cardinal, & les
Princes. I’estois en doute, si ie voulois prendre la fuite
ou me tenir caché : mais considerant que si ie courois à
quelque porte, qui estoit asseurément bien gardée, ie
tomberois entre les mains de ces Satellites impitoyables,
& qu’ils me tuëroient au simple soupçon que ie leur donnerois
d’estre là pour quelque mauuais dessein ; dans cette
apprehension, ie me tiens sans faire de bruit, le mieux
couuert qu’il m’estoit possible, auec cette resolution,
que si quelqu’vn de cette belle Compagnie venoit à