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Mazarinade n° E_1_78

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Anonyme [1649], LE ROMAN DES ESPRITS REVENVS A S. GERMAIN. Burlesque & serieux. Et le QV’AS-TV VEV DE LA COVR, Ou LES CONTRE-VERITEZ. Sur l’imprimé à PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_3559. Cote locale : E_1_78.


me découurir, ie demanderois à parler à la Reine ; & apres
luy auoir demandé pardon de ma temerité, ie luy conterois
naïfuement toute ma faute, & luy ferois sçauoir toutes les
miseres de Paris, pour la disposer à la compassion, & puis ie
luy demanderois la grace d’estre mis dehors auec quelque
seureté.
 
Sur cette confiance, ie leuay vn peu les yeux & ie les vis
qu’ils prenoient place sur les mesmes sieges où i’auois eu
l’honneur de m’asseoir auparauant. I’estois assez pres d’eux
pour ouyr leurs discours, & i’eusse voulu en estre bien loin.
Quelques-vns s’estoient desia auancez de parler des desordres
de l’Estat ; mais le Roy leur imposa silence, & leur dist,
qu’il n’estoit là venu pour se recreer, & non pas pour parler
d’affaires ; qu’il vouloit ioüer à quelque petit jeu, ou bien
que l’on racontast quelque bonne histoire. Toute la Cour
quitta le serieux à l’instant mesme, & chacun prit vn visage
riant pour luy complaire, la Reine mesme fit voir que cela
luy estoir fort agreable ; il n’y auoit que le Cardinal qui ne
pouuoit faire bonne mine ; à cause de son mauuais jeu. Le
Roy se tournant de son costé, luy dist, Monsieur le Cardinal
vous qui en sçauez tousiours de bonnes, ne nous en direz
vous point quelqu’vne qui soit belle ?
Sire, respondit-il froidement, ie vous en dirois bien vne,
mais ie crains qu’elle ne donne de la terreur à Vostre Majesté,
tant elle est effroyable. Il vaut mieux que vous commenciez
le premier, & puis que chacun à son rang en dise quelqu’vne
recreatiue, & la mienne sera la derniere, afin que nous
nous en allions souper là dessus auec plus d’apetit : Mon
Dieu, dit le Roy, que i’ay enuie de la sçauoir ; mais puisque
vous voulez que ie commence, ie m’en vay me depescher, &
que chacun le fasse court, à mon exemple, pour venir vistement
à la vostre : Cela dit, il raconta en peu de mots la generosité
du petit Alexandre, qui pleuroit quand son pere assiegeoit
quelque ville d’importãce ; & adjousta, qu’il auoit pleuré
quelques fois la nuict de ce que sa bonne Maman assiegeoit
sa bonne Ville de Paris. Le Duc d’Anjou, dist que son petit
Papa auoit dit la sienne, & qu’il n’en sçauoit point d’autre