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Mazarinade n° C_10_30

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Anonyme [1649], LE SECOND THEOLOGIEN D’ESTAT, A MESSIEVRS LES GENERAVX. , français, latinRéférence RIM : M0_3770. Cote locale : C_10_30.


seroient plus fauorables pour écouter nos pleurs, & ensemble
les raisons qui vous y portent dans les Loix naturelles, ciuiles &
morales, la cause de Dieu, du public & la vostre.
 
Il n’y a rien dans la Nature qui ne tende à sa fin, & qui n’employe
toute l’estenduë de sa vertu pour pouuoir l’obtenir. Cet
appetit, Messieurs, est si auant graué dans tout ce qu’elle enserre,
qu’il semble qu’elle ait pris plaisir à y mettre vne inclination
commune, & faire que contre ses propres Loix, toutes ses productions
y fussent parfaitement & vnanimement sensibles. Cette
verité n’est que trop claire pour auoir besoin d’appuy. Toutes les
creatures publient hautement dans toutes leurs fonctions, que
leurs efforts ne se portent qu’au bien qui leur est propre ; que
leur bien n’estant autre que leur fin, elles doiuent consommer
toutes leurs puissances dans la recherche de sa possession. Mais
comme pour y arriuer il en faut prendre les moyens, dont les
plus courts sont tousiours les plus asseurez, aussi la fin est elle estimée
plus ou moins noble selon la grandeur du bien qui en resulte.
C’est pour quoy Dieu borne toutes nos fins subalternes, parce
que de sa possession nous n’en pouuons tirer que des biens infinis.
Tout le mal-heur des hommes ne prend sa source qu’en ce
poinct ; s’imaginants que les vrais moyens qui les peuuent conduire
à leur [1 mot ill.], se sont ceux qui estans plus accommodez & sortable,
à leur nature corrompuë, peuuent combler leur vie de plus
éminentes prosperitez. Et c’est en quoy nous reconnoissons leur
foiblesse s’attachans si passionnément aux choses mondaines, qui
ne peuuent en aucune façon établir leur bon-heur, épuisans
neantmoins toutes leurs forces pour tascher d’en venir à bout, &
par vne ambition inconceuable ; n’estimans iamais pouuoir iouïr
d’vn parfait repos, qu’estans éleuez à la faueur, d’où ils puissent
défier les traicts de la fortune, pensans estre à l’abry de toutes
ses atteintes dans ce lieu de delices, qui les liure le plus souuent
au cours ordinaire de son inconstance & les immole à sa fureur.
N’est-ce point par cette raison que les plus grands Fauoris auancent
leur perte en auançant leur fortune ? N’est ce point pour ce
suiet, que s’estans faits toutes sortes de violences pour s’insinuer
dans les bonnes graces du Prince dont ils recherchent si
auidement & la connoissance & l’appuy, experimentent peu