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Mazarinade n° C_10_3

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Anonyme [1649], LE SECRET DE LA PAIX. OV, LA VERITABLE SVITTE DV THEOLOGIEN D’ESTAT A LA REYNE. , français, latinRéférence RIM : M0_3627. Cote locale : C_10_3.


son Parlement, s’il auoit à viure en homme particulier, il
pourroit demeurer parmi les Grottes, les Bois, & les Fontaines,
d’vn lieu si delicieux ; Mais s’il veut viure en Roy, il faut
que ce soit à Paris, où sont les hommes & les affaires, les Arts
& les Empires.
 
Quand l’Empereur Tibere quitta Rome pour aller demeurer
à Capri, il commença à perdre plus que iamais l’amour
de ses sujets, & deuint semblable à vn vieux Hibou, qui
fuioit le iour & les hommes, pour ronger son cœur dans vne
maligne solitude. Nos Rois n’ont que faire de cette methode,
ils ne sont pas faits pour estre cachez, mais pour se faire
veoir à toute heure, parmi les applaudissemẽs de leurs sujets.
Tant plus vous differez de vous transporter à paris, d’autant
plus trauaillez-vous à la ruïue de vostre Estat, les Campagnes
pleurent, les Villes souspirent, toutes les affaires cessent,
tout commerce est interrompu, il n’y a plus dequoi
faire des tributs, les peuples s’accoustument à ne rien payer
& desaprennent la Monarchie. Le Parti qui a commencé
> auec assez de sincerité se peut alterer, & on ne peut pas respondre
qu’il n’y puisse auoir auec le temps des mineurs qui
trauailleront sous terre, & qui chercheront la terre sous vn
voile de couleur celeste ; Vostre absence nourrit toutes leurs
esperances, & vostre arriuée est capable de les destruire.
Pendant que vous differez, les enuieux s’esueillent, & les
ennemis ne dorment pas dans ces dissensions : Ceux-là mesme
qui estoient assez gens de bien, deuiennent quelquefois
meschans, pour auoir trop d’occasion de mal faire. Venez,
monstrez-vous, montez sur le Trosne de Paris, & dissipez
toutes les factions, on punit assez souuent les esprits remuans
en leur accordant le pretexte pour lequel ils ont remué.
En venant à Paris vostre Maiesté fait vne Paix asseurée, en
vous en tenant esloignée, vous declarez la Guerre que vous
ne pouuez faire en conscience à vne ville qui vous tend les
bras, & que vous ne pouuez entretenir dãs ce manquement
de finances que par la permission des crimes, & par vn deluge
de pechez qui sont indignes de vostre Vertu, pernicieux
à vostre salut, & outrageux à vostre reputation laquelle doit