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Mazarinade n° C_10_13

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Anonyme [1649 [?]], LE SILENCE AV BOVT DV DOIGT. , françaisRéférence RIM : M0_3674. Cote locale : C_10_13.


aucun merite pour estre adorée comme elle estoit. S’il
nous est permis de passer des Histoires profanes aux
Sainctes, & de mesler le mensonge parmy la verité, ne
remarquons-nous pas que l’Apostre sainct Paul asseure
que le Grand Prestre Melchisedech estoit sans pere,
sans mere, sans genealogie ? non pas qu’il n’eut des parens
& vne naissance comme les autres hommes, mais
à cause que les rares qualitez qu’il possedoit, sembloient
qu’il fut quelque chose de diuin, ou qu’au moins il faloit
le dire ainsi. Nous deurions faire de mesme dans le
temps où nous sommes, & en toutes les rencontre : où
nous pouuons apprendre, ou sçauoir quelques mauuaises
actions de nos Princes, n’en rien dire, où au
moins le dissimuler, ce sont les Dieux de la Terre, les diuinitez
que les peuples adorent : ne parlons en quelque
façon que ce soit de leurs personnes, il nous est deffendu,<lb/> & pour se conseruer, disons tousiours, Pais.
 
Ouy, l’on sçait que les Reynes ne sont pas moins
suiettes à leurs passions que les autres femmes, qu’elles
prefereroient l’accomplissement de leurs desirs dereglez,
à la ruyne de leur Estat. que pour porter vn Sceptre,
elles ne laissent pas d’estre tyrannisées par leurs propres
sentimeus : que la pompe de leurs habits, les festins
continuels, les plaisirs, les delires, le pouuoir qu’elles
ont, la foiblesse de leur sexe, qui naturellement aime la
volupté, les parfums, les senteurs, les concers de musiques,
les vois qui les charment les emportent auec violence
aux douceurs de l’amour, qu’elles estiment le plus
parfait plaisir du monde. Mais il faut mettre le doigt sur
la bouche, & dire, Pais.