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Mazarinade n° A_7_41

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Anonyme [1649 [?]], LE SILENCE AV BOVT DV DOIGT. , françaisRéférence RIM : M0_3674. Cote locale : A_7_41.


aucun merite, pour estre adorée comme elle estoit. S’il
nous est permis de passer des histoires profanes aux
Saintes, & demesler le mensonge parmy la verité, ne
remarquons-nous pas que l’Apostre S. Paul assure,
que le grand Prestre Melchisedech etoit sans pere, sans
mere, sans genealogie ? non pas qu’il n’eut des parens
& vne naissance comme les autres hommes, mais à
cause que les rares qualitez qu’il possedoit, sembloient
qu’il fut quelque chose de divin, ou qu’au moins il faloit
le dire ainsi. Nous devrions faire de mesme dans
le temps où nous sommes, & en toutes les rencontres
où nous pouvons apprendre ou sçavoir quelques
mauvaises actions de nos Princes, n’en rien dire, ou
au moins le dissimuler, ce sont les Dieux de la terre,
les divinitez que les Peuples adorent, ne parlons en
quelque façon que ce soit de leurs personnes, il nous
est defendu : & pour se conserver, disons toujours, Pais,
 
Ouy, l’on sçait, que les Reynes ne sont pas moins
sujettes à leurs passions, que les autres femmes, qu’elles
prefereroient l’accomplissement de leurs desirs dereglez,
à la ruïne de leur Estat : que pour porter vn
Sceptre, elles ne laissent pas d’estre tyrannisées par
leurs propres sentimens : que la pompe de leurs habits,
les festins continuels, les plaisirs, les delices, le pouvoir
qu’elles ont, la foiblesse de leur sexe, qui naturellement
aime la volupté : les parfums, les senteurs,
les concers de musique, les voix qui les charment, les
emportent avec violence aux douceurs de l’amour,
qu’elles estiment le plus parfait plaisir du monde.
Mais il faut mettre le doigt sur la bouche, & dire, Pais.