[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_7_54

Image de la page

Anonyme [1649], LE TABLEAV DES TYRANS FAVORIS, ET LA DESCRIPTION des maluersations qu’ils commettent dans les Estats qu’ils gouuernent. ENVOYÉ PAR L’ESPAGNE A LA FRANCE. , françaisRéférence RIM : M0_3746. Cote locale : A_7_54.


pour le general de ses peuples surpassoit de beaucoup celle qu’il confessoit
auoir euë pour cét homme particulier.
 
Il ne fut pas guere de temps prisonnier, qu’on ne l’accusast d’auoir
conspiré auec le nouueau Roy de Portugal conire ma Couronne, &
contre mon Estat. Il est vray, que de bons & vrais Espagnols, descouurirent
vne trame secrette que l’on auoit ourdie, pour faire tomber
tous mes Estats entre les mains de sa Maiesté Portugaise, par vne reuolte
generale de tous mes peuples : mais l’on n’en a pas sceu si bien
conuaincre le Comte Duc d’Oliuarets, qu’on aye pû le punir de cette
conspiration qui tendoit au parricide : puis qu’on deuoit attenter à la
vie du Prince, & de celle de toute sa famille Royale, furent accusez &
conuaincus, plusieurs personnes de haute qualité, qui expierent par
leur mort l’enorme crime qu’ils auoient voulu commettre.
Quelque particuliere inquisition qu’on peust faire, pour descouurir
si d’Oliuarets n’estoit point chef, ou complice de cette pernicieuse conspiration,
l’on n’en pust iamais auoir d’esclaircissement ; ainsi peut-il
estre coupable ; qu’il a passé pour innocent : mais quelque innocent
pourtant qu’il puisse estre, si beaucoup de personnes m’ont-elles voulu
persuader qu’il estoit criminel. Il n’est que Dieu seul qui puisse sçauoir
au vray la pensée des hommes ; & cependant, pour moy qui parle
à vostre Maiesté, ie croy que s’il n’a esté l’autheur de cét enorme attentat,
qu’il en a pû à tout le moins estre l’vn des complices. Ie le laisse en
sa prison pour acheuer de vous faire la troisiesme representation du
Tableau que ie vous presente, vous sçauez bien que c’est de Mazarin
de qui ie veux vous entretenir.
Non seulement moy, mais toute l’Europe, auons de la peine à croire
que le premier Prince de vostre Sang, veuille fauoriser de sa protection,
contre vostre bien, celuy du Roy, & de l’Estat, vne personne
que tout le monde sçait estre le Perturbateur du repos public,
l’Ennemy, le Destructeur, la Peste, & la ruine de toute vostre
Monarchie. Chacun demeure d’accord, qu’il faut qu’il se soit seruy
de quelque puissante Magie, pour charmer les oreilles, & siller les
yeux de ce grand Prince, afin de l’empescher de voir l’excez de ses voleries,
& d’entendre les plaintes de la misere publique, qui sont montées
au Ciel, & ont attiré la misericorde de Dieu sur eux, & prouoqué
sa Iustice à en faire la punition sur l’autheur de tant de maux.
Quoy que vous soyez vne Princesse clairuoyante, & que vous ayez
assez d’experience de la conduite & des actions de Iules Mazarin : Ie
ne veux pourtant pas laisser de vous dire, ce qu’il a esté, & ce qu’il est ;
& il vous sera fort aisé d’en tirer la consequence certaine, & demonstratiue,
de ce qu’on doit se promettre d’vne personne de sa naissance,
& de son temperament. Son origine n’est pas de ces illustres & de ces
conquerans, qui ont esté autrefois la terreur de tout le monde, cependant
que les Aigles Romains commandoient à tout l’Vniuers. Sa Noblesse
n’est pas plus ancienne que les honneurs qu’il a receus en vostre