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Mazarinade n° D_2_8

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Anonyme [1649], LE THEOLOGIEN D’ESTAT A LA REYNE. POVR FAIRE DESBOVCHER PARIS. , français, latinRéférence RIM : M0_3770. Cote locale : D_2_8.


conuulsions qui agitent la France, ne nous viennent d’autre
source que pour opiniastrer sa conseruation dans le Royaume, & dans
le maniement des affaires. En outre, s’il porte scandale actif & passif
dans vne infinité d’esprits, qui n’ont ny foiblesse, ny ignorance, ny
malice ; & si ce scandale estant de cette nature, ne peut estre toleré selon
tous les Theologiens, sans peché grief. Certes, MADAME, il est
raisonnable que nous ayons cette obligation ou à vostre justice, ou à
vostre bonté, de l’oster pour donner la Paix vniuerselle à toute cette
grande Monarchie. I’adjouste encore que quand il seroit aussi pur
qu’vne Vertu celeste, vostre prudence s’en deuroit priuer pour le bien
public. Y auoit il homme au monde plus accomply, & plus agreable
que Dauid ? Le Roy de Geth chez lequel il viuoit comme estranger,
l’aymoit passionnément, & luy donnoit part aux affaires de son Estat ;
neantmoins comme il vid que les Grands de son Royaume s’en offençoient,
il l’appella, & luy dit ; tu es bon comme l’Ange de Dieu, mais
puis que tu ne plais pas aux Chefs de mes suiets, va, t’en en paix, & retourne
en ton pays. C’est vne leçon, MADAME, de la saincte Escriture,
c’est vne sagesse d’Estat, c’est aussi vne loy de cette Monarchie, qui
veut que la Minorité des Roys soit assistée d’vn Conseil esleu par le
consentement du Royaume.
 
Matth.
18.
S. Thean
Nauarrus
de
Scandalo.
Bonus es
in oculis
meis neur
Angelus
Dei, sed
satrapis
non places
reuertere
ergo, &
vade in
pace.
Apres cela, MADAME, s’il vous plaist d’escouter, non mes
propres pensées, mais le raisonnement de toute la France. Vous deuez
cette separation à Dieu, qui nous commande d’arracher nos propres
yeux s’ils nous scandalisent ; vous la deuez au Roy vostre fils, de qui
vous ne pouuez hazarder la Couronne, pour l’interest d’vne complaisance ;
vous la deuez à vostre Peuple, pour qui vous estes obligée
d’immoler mesme vostre vie en cas de necessité : vous la deuez à la raison,
qui dit qu’il faut preferer le bien general au particulier. Vous la
deuez à vostre conscience, qui vous defend de perdre vn Royaume
pour conseruer vne opinion : vous la deuez à la Chrestienté qui attend
de profiter de vos exemples. Ne dites point qu’il est permis aux
particuliers de retenir tel seruiteur qu’il leur plaist : la fortune des
Roys a des mesures bien plus estroites, & celuy qui a le plus de puissance,
doit auoir moins de liberté, à raison des consequences qui
embrassent le salut d’vne infinité de testes.
1. Reg.
29.
Duplex
en la vie
de Charles
VIII.
Enfin, MADAME, c’est ce que M. le Cardinal Mazarin vous
conseillera, s’il est bien affectionné au bien de vostre personne & de
vostre Estat. Ce n’est point engager vostre authorité que de condescendre
à vos suiets, c’est ce que Dauid a fait apres vne horrible reuolte,
ce que Constantin & Theodoze ont fait, apres qu’on eut traisné
leurs statuës dans la bouë : ceux qui ont fait le contraire ont esté
estimés de peu de iugement & de petit cœur, comme le Roy Roboam
qui perdit dix parts de son Royaume pour s’opiniastrer à vn mauuais
conseil, qui estoit à la charge de ses Peuples, en condescendant vous
ferez ce que le Ciel fait tous les iours à la terre, & Dieu à l’homme.
Vous serez la Maistresse du genre humain par vertu, & vos exemples