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Mazarinade n° A_7_44

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Anonyme [1649], LE THEOLOGIEN D’ESTAT A LA REYNE. POVR FAIRE DESBOVCHER PARIS. , français, latinRéférence RIM : M0_3770. Cote locale : A_7_44.


qui n’est ptopre qu’à la toute puissante main de Dieu, d’exterminer
des Villes, & des nations entieres, & de punir vniuersellement parce
qu’il est l’estre vniuersel de toutes choses, & que selon que dit le Sage,
quand il auroit abismè le monde on n’auroit rien à luy reprocher :
Et quoy que par sa puissance absoluë, il pourroit sans autre cause perdre
par le Feu, par l’Eau, & par le Fer, tous les habitans de la terre ;
il n’a iamais toutefois ruïné des Villes entierement, sans de grands
& enormes pechez, dont elles estoient toutes couuertes. Il fit pleuuoir
le Feu & le Souffre sur Sodome & Gomorrhe, auec les villes qui leur
estoiẽt complices ; mais ce fut pour chastier des vices abominables qui
font horreur à la nature. Il commanda à son Peuple de perdre sans
ressource les Iebuzeens, les Phereseens & les Amalechites, mais
c’estoient des adorateurs du Diable, & des mangeurs de chair humaine :
Il se trouue aussi en l’Euangile la Parabole d’vn Roy qui fait
brusler vne ville, mais c’est pour auoir tué ses Ambassadeurs d’vn
commun consentement. Iamais Dieu tout absolu qu’il est, n’entreprend
ces grands ruïnes sans de grands suiets. I’appelle icy vostre Iustice,
MADAME, i’appelle vostre Prudence, & vostre consideration,
Paris estoit il entaché de crimes si abominables qu’il le fallut
esteindre par le Fer & par la Faim ? Il s’agissoit de mettre sur le Peuple
des charges & des imposts insuportables à sa foiblesse ; le Parlement
s’est assemblé là dessus ; les autres Cours Souueraines ont embrassé
le mesme dessein, selon les Loix & selon les formes ordinaires,
quoy que vostre Conseil n’en fut pas d’auis. Plusieurs ont dit leurs
suffrages auec la liberté que la conscience commande, & que l’Estat
du Gouuernement de France permet ; Mais peut estre auec plus de
chaleur que vostre Conseil n’en desiroit : Et pour cela on a soüillé la
réjoüissance publique d’vn iour consacré aux Triomphes, par des emprisonnemens
de Magistrats, qui estoient estimez gens de bonne vie
& d’entiere reputation. Le peuple s’en est émeu, & le Bourgeois craignant
la sedition & le saccagement des maisons, s’est mis en armes
plustost pour vous defendre que pour vous resister, & pour monstrer
qu’il n’en vouloit point à vostre authorité, il vous a rendu ses obeïssances
desarmées, aussi tost que V. M. luy a rendu la Iustice : Toutes
les furies de cette grosse mer qui sembloient vouloir engloutir vn
monde, se sont arrestées à vn grain de sable. Vous auez vous-mesme,
MADAME, loüé & approuué cette moderation & cette fidelité,
vous auez agreé qu’on publiast iusques dans les Chaires de verité,
qu’il ne vous restoit aucun ressentiment contre Paris de tout ce qui
s’estoit passé. Vous auez protesté publiquement vne cordialle bienveillance
enuers vostre bonne Ville auec des complimens releués, &
des parolles dignes de la bouche d’vne Reine. Apres cela, MADAME,
enleuer le Roy de nuit auec l’estonnement de tout le monde,
engager les Princes du sang à vne action funeste, inuestir Paris, luy
prononcer vn triste Arrest de mort par le Fer & par la Famine, n’auoir
point d’esgard à tant de gens d’honneur & de merite qui vous