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Mazarinade n° C_10_29

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Anonyme [1649], LE THEOLOGIEN D’ESTAT, A LA REYNE. POVR FAIRE DESBOVCHER PARIS. , français, latinRéférence RIM : M0_3770. Cote locale : C_10_29.


raisonnable que nous ayons cette obligatiõ ou à vostre justice, ou à vostre
bonté, de l’oster pour donner la Paix vniuerselle à toute cette grande
Monarchie. I’adjouste encore, que quand il seroit aussi pur qu’vne Vertu
celeste, vostre prudence s’en deuroit priuer pour le bien public. Y auoit-il
homme au monde plus accomply, & plus agreable que Dauid ? Le Roy
de Geth, chez lequel il viuoit comme estranger, l’aymoit passionnément,
& luy donnoit part aux affaires de son Estat ; Neantmoins comme
il vid que les Grands de son Royaume s’en offençoient, il l’appella, &
luy dit ; Tu es bon comme l’Ange de Dieu. Mais puis que tu ne plais pas
aux Chefs de mes suiets, va-t’en en paix, & retourne en ton pays. C’est
vne leçon, MADAME, de la saincte Escriture, c’est vne sagesse d’Estat,
c’est aussi vne loy de cette Monarchie, qui veut que la Minorité des Roys
soit assistée d’vn Conseil esleu par le consentement du Royaume.
 
Matth. 18.
S. Thom.
Nauarrus
de Scandalo.
Bonus es in
oculis mers
sicut Angelus
Dei, led
satrapis non
places. Reuertere ergo,
& vade
in pace.
I. Reg. 29.
Duplex en
la vie de
Charles
VIII.
Apres cela, MADAME, s’il vous plaist d’escouter, non mes propres
pensées, mais le raisonnement de toute la France. Vous deuez cette separation
à Dieu, qui nous commande d’arracher nos propres yeux s’ils
nous scandalisent. Vous la deuez au Roy vostre fils, de qui vous ne pouuez
hazarder la Couronne, pour l’interest d’vne complaisance. Vous la
deuez à vostre Peuple, pour qui vous estes obligée d’immoler mesme
vostre vie en cas de necessité. Vous la deuez à la raison, qui dit qu’il faut
preferer le bien general au particulier. Vous la deuez à vostre conscience,
qui vous defend de perdre vn Royaume pour conseruer vne opinion.
Vous la deuez à la Chrestienté, qui attend de profiter de vos exemples. Ne
dites point, qu’il est permis aux particuliers, de retenir tel seruiteur qu’il
leur plaist. La fortune des Roys a des mesures bien plus estroites. Et celuy
qui a le plus de puissance, doit auoir moins de liberté, à raison des consequences
qui embrassent le salut d’vne infinité de testes.
Enfin, MADAME, c’est ce que M. le Cardinal Mazarin vous conseillera,
s’il est bien affectionné au bien de vostre personne & de vostre
estat Ce n’est point engager vostre authorité, que de condescendre à vos
Sujets. C’est ce que Dauid a fait apres vne horrible reuolte. Ce que Constantin
& Theodose ont fait, apres qu’on eut traisné leurs statuës dans
la bouë. Ceux qui ont fait le contraire, ont esté estimez de peu de iugement
& de petit cœur, comme le Roy Roboam, qui perdit dix parts de
son Royaume, pour s’opiniastrer à vn mauuais conseil, qui estoit à la
charge de ses Peuples. En condescendant vous ferez ce que le Ciel fait
tous les iours à la terre, & Dieu à l’homme. Vous serez la Maistresse du
genre humain par vertu, & vos exemples seront les instructions de tout
ce qu’il y a de plus pur dans nostre Christianisme.
Vostre Maiesté a pû apprendre de l’Histoire ancienne, que cette illustre
Princesse Berenice, qui estoit née du sang dont le Sauueur a pris naissance,
gaigna par ses rares qualitez le cœur de Tite Vespasian, (le plus aymable
Empereur, & le premier Conquerant de la terre,) qu’elle aymoit
extrémement, estant reciproquement honorée de son amitié, iusqu’à vne