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Mazarinade n° C_10_29

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Anonyme [1649], LE THEOLOGIEN D’ESTAT, A LA REYNE. POVR FAIRE DESBOVCHER PARIS. , français, latinRéférence RIM : M0_3770. Cote locale : C_10_29.


recherche de mariage. Mais comme elle vit que le Senat & le peuple
Romain n’aggréoient pas cette alliance, à raison qu’elle estoit estrangere,
elle quitta ce grand Prince par vertu, qui la congedioit à regret ;
l’vn sacrifiant son affection, & l’autre sa fortune aux interests de l’Estat.
Cette victoire qu’elle emporta sur elle-mesme, pour la paix d’vn Empire
estranger, a passé à la veneration de tous les siecles. Et nous esperons
aussi de vostre prudence, que vous ferez pour vn Royaume qui est
si vostre, ce qu’elle a fait pour celuy-là mesme qui luy estoit si ennemy,
& que par ce moyen vous rehausserez vostre Couronne d’vn lustre incomparable.
 
Sucton. in
Tito. cap 7.
Personne, MADAME, ne pretend faire en sorte que la necessité vous
arrache, ce que la vertu vous demande. On sçait que vous estes puissante.
Mais on ne peut pas oublier, que vous auez esté tousiours bonne
iusques icy. On desire oster vn obstacle à vostre vertu. Mais au reste, on
vous cherit encore icy, on se passionne pour vostre grandeur. Et ceux-là
mesmes qu’on vous a fait si noirs, voudroient vous auoir fait vn degré
de leurs propres corps pour remonter sur le Thrône de Paris, en y
gardant la iustice que vous deuez à vos Sujets. Qu’a fait Paris, MADAME,
(si vous voulez ouïr ce qui se dit) qu’a fait Paris ? qu’ont
fait vos Magistrats ? sinon de vous representer les Loix & les Ordonnances
du Royaume, à quoy ils sont obligez en conscience, s’ils ne veulent
estre condamnez de trahison ? Qu’ont-ils fait, sinon de defendre les
droicts du Roy vostre fils ? sinon de retenir l’Estat lors qu’il estoit sur le
panchant de sa ruine ? sinon d’appaiser la sedition, & empescher la ville
de perir ? Qu’a fait Paris armé, sinon de s’opposer à la plus triste des furies,
qui est la faim ? d’empescher les massacres ? de vous conseruer les
restes d’vn Royaume tant de fois deuoré ? Il vous poursuit encore par
ses soumissions, lors que vous le fuyez. Il vous ouure ses portes, & son
cœur, en luy r’amenant ce sacré Depost que vous luy auez enleué. Et vous
le tourmentez, & vous en voulez faire vn exemple d’horreur, & vn spectacle
d’vne Tragedie deplorable à tous les siecles ! C’est ce que nous ne
pouuons nous persuader. Car apres cela, quelles mains auriez-vous, pour
leuer aux Autels ? quel cœur, pour receuoir les Sacremens ? & qui vous
pourroit absoudre dans le dessein que vous auriez de perdre tant d’ames
rachetées du Sang de IESVS-CHRIST ?
Helas ! MADAME, c’est desia trop. Nous voyons vn million d’ames
affligées pour le contentement d’vn seul. Nous voyons le fer & la faim
en vostre Ville capitale, où vous auez tousiours desiré la Paix & l’abondance.
Nous voyons les mains des freres rougies du sang fraternel, vos
Sujets exposez au fer des Barbares, les enuirons de Paris saccagez, les
femmes violées, les maisons bruslées, les Eglises profanées, les Religieuses
qui fuyent comme des Colombes espouuantées, non plus deuant
Attila, mais deuant vos Estendarts, & deuant vos armes. On ne peut
croire que vostre bonté preside à des Conseils si funestes. Nous sentons