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Mazarinade n° C_10_29

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Anonyme [1649], LE THEOLOGIEN D’ESTAT, A LA REYNE. POVR FAIRE DESBOVCHER PARIS. , français, latinRéférence RIM : M0_3770. Cote locale : C_10_29.


A LA REYNE.
MADAME,
Ayant appris du Docteur des Roys & des Nations,
que les iustes choleres de Dieu s’allument sur les testes
de ceux, qui par vne grande injustice retiennent la verité
prisonniere, & ioignant à cela l’honneur que i’ay
de vostre bien-veillance, & de l’acces à vostre Royale personne, en
qualité d’ancien Officier tres-zelé pour la grandeur & le bon-heur de
vostre Regence, i’estimerois mon silence criminel, fi ie ne le rompois
par ceste Lettre.
C’est pour vous dire, MADAME, que tous les gens de bien
sont saisis d’vn profond estonnement, voyant Paris inuesty par les Armes,
qui sont commandées sous le nom du Roy, & authorisées par
l’aueu de vostre Maiesté.
Cette bonne Ville ne se pouuant encore iuger coupable, par la conscience
qu’elle a de ses respects enuers vostre Maiesté, s’estime toutesfois
la plus mal-heureuse du mõde par le sentimẽt de sa disgrace. C’est
elle, MADAME, qui vous a tousiours honoré par dessus toutes les
Reynes de cette Monarchie, auec des tendresses qui ne se peuuent exprimer.
Elle qui a pris la plus grande part à vos maux, aux iours de
vostre silence, parmy ces ombres malignes qui couuroient les rayons
de vostre authorité. Elle qui a compté le iour qui vous a fait Mere, au
premier rang de ses felicitez. Elle qui vous a porté sur ses espaules au
Throsne de la Regence, auec des applaudissement qui ont réjoüi le
Ciel & la terre. Et maintenant cette Reyne des Villes, arrouse ses
ioyes de ses larmes, & traisne ses atours en la poussiere, pour vous
voir irritée contre elle ; & ne pouuant encore penetrer toutes les causes
de ses douleurs, elle plaint la main qui les fait.
Dieu destourne de nos cœurs cette pensée, que ce que nous souffrons
soit vn effet de la vengeance de vostre Maiesté. Comment nous pourrions
nous persuader, qu’vne ame que nous auons estimée iusques icy
toute celeste, prist des desseins si bas & si terrestres ? Comment pourrions
nous conceuoir des intentions de meurtres & de sang, dans vn
cœur qui sent tant de fois le sang de IESVS-CHRIST couler parmy ses
veines ? Les Throsnes, dit S. Denys, sont sans passion, & les boüillons
de la cholere ne peuuent compatir auec les feux qui sont allumez par le
soufle du sainct Esprit. Vostre Maiesté est trop apprise pour ne