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Mazarinade n° B_7_35

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Anonyme [1652], ADVERTISSEMENT DONNÉ A MONSIEVR LE PRINCE PAR VN BON FRANÇOIS, sur la trahison découuerte du Mareschal de Turenne contre la ville de Paris. , françaisRéférence RIM : M2_33. Cote locale : B_7_35.


reuestu de la peau d’vn agneau : Et Satan qui paroist sous vn
visage. Car son langage est écrit d’vne plume succrée, & ses
paroles plus douces que le miel : Et au surplus entierement
remply de sophismes & captions, pour attraper en ses rets les
plus foibles creances des peuples. Les larmes des crocodiles
d’Egypte, les melodieux chants des Sirenes, les doux allechemens
de Circe, les accordans accords de la Syre d’Amphion,
ny les rauissans attraicts de la Harpe d’Orphée, n’estoient
point plus dangereux que la trompeuse main de ce
Sicilien. Il n’y a rien de si humain que sa voix, ny de si cruel
que le sens de ses paroles. Bref, il est éclos de quelque vieil
œuf Sicilien couué dedans les chaleurs des plaines Pyrenées.
Aussi les Gaullois vaincus par nos anciens François y
firent ils leurs retraites, auparauant sous le nom de Gots &
Vizegots, & sous celuy d’Ostrogots. Tant est que toutes les
puantes nuées & pestilentieux orages qui ont enuenimé la
France, sont venus de la race de ces gens là & de ce mesme
costé. Des Gretseres, des Hildebrands, Garnets, Sa, Moline,
des Guignards, Belarmins, Marianes, & autres plumes
enchanteresses graines & seminaires de toutes rebellions,
abominations & meurtres : dont les ames Gaulloises,
plus ardemment excitées au retour de leurs anciennes natures,
de trahisons, & cruautez, se sont souleuées parricides
de nos Roys. Des Clemens, des Barriers, des Chastels &
des Rauaillacs inhumains, engendrez de cette semence de
barbare.
 
C’est pourquoy, ô François ! Il ne vous faut pas croire
toutes flateuses paroles, ny adjouster foy aux douces apparences :
Le meilleur est de se tenir entre la crainte d’estre surpris,
& la resolution de se defendre : La deffiance est mere
de seureté ; Les bien a luisez regardent les effets, auant que
de croire aux paroles : Les brebis reconnoissent le loup à son
haleine puante. Saint Paul dit que Satan se transforme souuent
en Ange de lumiere : Les sages pelerins fuyent le crocodille
à ses larmes : Les prudens Nautonniers esquiuent
les chants des Syrenes : Et les Vlysses se deuelopent aisément
des allechemens de Circe. Les hommes n’ont point esté