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Mazarinade n° E_1_130

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Anonyme [1649], DIALOGVE ENTRE LE ROY DE BRONZE. ET LA SAMARITAINE. Sur les affaires du temps present. , françaisRéférence RIM : M0_1090. Cote locale : E_1_130.


nous. Ie fremy, grand Monarque, quand i’y pense : & ie voy dans
cet enleuement de nos plus cheres delices, des circonstances capables
d’étonner les plus fermes courages. H. Et le Prince de Condé
ce ieune Alexandre, en qui ie crus renaistre, & crois maintenant
reuiure, ne fait point raison à sa patrie d’vn si cruel outrage, & sa
valeur sommeille en vne occasion la plus auantageuse du monde de
se signaler ? S. Rien moins, Sire, elle ne parut iamais plus ardante
& plus vigoureuse, mais c’est à proteger & non à perdre son propre
ennemy, ce lâche oppresseur de la France, & cet infame rauisseur
de ce qu’elle auoit de plus cher & de plus aimable. L’eussiez
vous iamais creu, grand Monarque ? H. Non sans mentir, voisine,
& i’auouë que i’ay bien encore de la peine à le croire : vn reietton
de la souche des Bourbons s’estre declaré pour vn voleur, contre
l’Estat, & contre sa patrie ! S. Il n’est pourtant que trop veritable,
Sire, & mon incredulité ne seroit pas moindre que la vostre, si
ie ne l’apprenois des discours de tous ceux qui passent par icy : car
enfin on ne parle plus si bas comme l’on faisoit, & ie m’estonne fort
que vous n’en ayez appris quelque chose de tant d’honnestes gens
qui vous enuironnent. Car enfin ie m’asseure que vostre Cour n’est
plus de celles où le cœur dément tousiours la bouche, où la verité
n’ose leuer le masque, & d’où l’on bannit ceux dont la candeur ose
l’exposer nuë aux yeux qu’elle éblouyt. H. Ne te mocque point
de ma Cour ; car à ce que ie voy, celle de mon fils ne vaut gueres
mieux. Si le Poicteuin assemble en l’vne des Filous & des Coupeurs
de bourse, Mazarin vray saltinbanque d’entre chair & cuir, n’en
attire pas moins en l’autre : & chacun sçait bien qu’il n’est ordinairement
enuironné que de gens de sac & de corde : auec vne difference,
pourtant que ma vieillesse est à l’espreuue du mauuais exemple,
& que la ieunesse de mon petit fils ne l’est pas. C’est ce que la
Reyne deuroit considerer. S. Et c’est pourtant, Sire, ce que la
Reyne ne considere point, croyant ce perfide aussi zelé pour le
bien de la France, qui n’est autre que celuy du Roy mesme, qu’il
deuroit l’estre effectiuement apres les bienfaits qu’il en a receus. Et
ie crains fort qu’en peu de temps cette incomparable Reyne ne le
connoisse mieux aux despens de son Estat chancelant, si Dieu ne benit
les soins de ce grand Parlement, protecteur incorruptible & de
l’honneur de nos Roys & du salut de leurs Peuples, si les influences
de nostre Generalissime, cet Astre si benin à la France, ne temperent