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Mazarinade n° C_10_35

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Anonyme [1649], LE TOMBEAV DE LA MEDISANCE. , françaisRéférence RIM : M0_3780. Cote locale : C_10_35.


proposé le bien public pour objet, mais ça esté cét amour
propre qui les a portez à la haine & à l’enuie. Ils ont crû
se bien vanger de la fortune qui les a exclus des charges du
Ministere, & de la iustice, s’ils declamoient contre ceux
qui les possedent, & qu’ils disent ne les tenir que de cette
puissance aueugle, encore que la pluspart les doiuent à
leur merite. Ils ont crû passer pour vertueux & pour habiles,
s’ils disoient que les autres estoient vicieux & mal
adroits. Ils ont crû que la medisance leur donneroit la
bonne renommée qu’ils osteroient à leur prochain, comme
ils s’imaginent que la loüange leur osteroit la bonne renommée
qu’ils leur donneroient : Mais tant s’en faut, le
pecheur verra, & se mettra en colere, il grincera les dents
& sechera de tristesse. Les Poëtes nous depeignent l’enuie,
qui n’a d’autres galands à sa coiffure que des couleuvres
& des serpens, qui se deschire & deuore les entrailles,
La medisance est l’aisnée de l’enuie ; c’est par la langue que
nous commençons à deschirer, ceux que nous voudrions
deschirer à belles dents. De là ie conclus que la charité
estant la veritable marque du Chrestien, & la medisance
luy estant directement opposée, l’on ne sçauroit estre medisant
& Chrestien tout ensemble, ces traits de plume & ces
coups de langue sont autant de meurtres, plus considerables
que ceux qui ne sont qu’oster la vie, puis qu’ils ostent
l’honneur qui est plus precieux.
 
Concluons donc qu’il faut enseuelir dans vn eternelle
amnistie toutes nos aigreurs, que la sacrée personne du
Prince s’approchant de nous elle nous doit imprimer vn respect,
& vn amour qui nous ferme la bouche à ces medisances
où il n’y a rien à gagner que la vengeance de Dieu,
des hommes, & qui nous l’ouure aux loüanges & aux
hymnes de resioüissance pour le retour de la Cour, & d’vne
bonne & ferme concorde entre les Princes & entre les
peuples, afin que nous voyons encore fleurir plus que iamais
cette Monarchie in comparable.

FIN.