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Mazarinade n° C_10_35

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Anonyme [1649], LE TOMBEAV DE LA MEDISANCE. , françaisRéférence RIM : M0_3780. Cote locale : C_10_35.


LE TOMBEAV DE LA MEDISANCE.
Ceux-là ne se sont pas abusez qui ont dit que l’amour
estoit le pere de toutes les passions, ou plustot qu’il
n’y auoit d’autre passion que luy. En effet, nous ne desirons
que ce que nous aimons, & nous ne fuyons que ce qui nous
eloigne de ce que nous aimons, nous n’esperons que ce
que nous aimons, & nous ne craignons que de ne pas posseder
ou de perdre ce que nous aymons : & ce qui est bien
estrange, & qui semble tenir de la contradiction, la haine
mesme est fille de l’amour, puisque nous ne hayssons que
ce qui s’oppose à nostre amour. C’est donc l’amour qui est
le principe de toutes nos actions, c’est luy qui fait les vertueux,
& les sçauans, & les conquerans, & c’est luy mesme
qui fait le reste des honnestes gens qui ne s’appliquent
pas aux hautes entreprises, mais qui reüssissent dans les mediocres
emplois de la societé humaine.
Entre tous les amours il n’y en a point de si fort que l’amour
propre, parce qu’il n’y a rien que nous aimions tant
que nous mesme naturellement. La raison en est belle,
dautant que nous ne sçaurions aimer rien naturellement
que pour l’amour de nous. Cét amour propre, est la source
de toutes nos conuoitises dereglées, & toute la Philosophie
des sains ne nous presche autre chose que la renonciation
à nous mesme pour n’y pas tomber. L’amour tend à
l’vnion de la chose aimée, il n’y a rien qui nous puisse estre
si vny que nous mesmes, & par consequent il n’y a rien que
nous aimions tant que nous, ie dis tousiours naturellement,
car ie sçay bien que la grace nous fait aimer Dieu plus que
nous mesmes, & il est bien iuste, parce qu’il est le principe
de nostre amour, puis qu’il l’est de nostre existence. Comme