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Mazarinade n° B_11_22

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Anonyme [1652], LES SENTIMENS D’VN FIDELLE SVIET DV ROY, Contre l’Arrest du Parlement du vingt-neufiesme Decembre 1651. , français, latinRéférence RIM : M0_3648. Cote locale : B_11_22.


la Republique, dit-il, on fait souuent des fautes sous pretexte du
bien public, comme il est arriué à nos Romains, dans la resolution
qu’ils prirent de ruiner la ville de Corinthe. Les Atheniens aussi
témoignerent vne trop grande dureté, quand ils voulurent, & ordonnerent
que l’on coupast les poulces à ceux d’Ægine, parce qu’ils
estoient puissans sur mer, ils estimoient que c’estoit vn expedient
vtile à l’Estat, parce que la ville d’Ægine, comme estant fort proche,
sembloit menacer le port de Pyrée : mais tout ce qui est cruel
ne fut iamais vtile, puis qu’il n’y a rien de si ennemy de la nature,
dont nous deuons suiure les inclinations, comme est la cruauté.
C’est aussi sans raison que l’on defend l’entrée des villes aux
Estrangers, & qu’on les extermine s’ils y viennent, comme a fait
Penne du temps de nos ancestres, & Papie depuis peu : car il est
bien iuste de ne traiter pas en Citoyen celuy qui ne l’est point, &
Crasse & Sceuole Consuls tres-aduisez, ont fait vne loy sur ce sujet,
mais interdire le cõmerce des villes aux Estrangers, c’est vne
manifeste inhumanité.
 
Il faut donc dire qu’il n’est point d’actions plus belles ny plus
éclatantes, que celles où l’on prefere ce qui paroist honneste, à ce
qui semble aduantageux, Nostre Republique nous en peut donner
vne infinité d’exemples, entre lesquels le plus excellent, & le
plus merueilleux, est celuy que l’on remarque au temps de la seconde
guerre que nous auons euë contre Cartage, car opres la
sanglante iournée de Cannes où toutes nos troupes furent de faites,
cette Republique genereuse tesmoigna plus de courage qu’elle
ne fit iamais dans ses plus grandes prosperitez. On ne vit personne
d’espouuanté, il ne se par la point de paix auec l’ennemy, la consideration
de l’honneur estant si forte dans l’esprit des hommes,
qu’elle leur fit oublier ou mespriser sans peine tout ce que leur conseille
leur propre vtilité.
Les Atheniens ne pouuant plus resister aux forces de la Perse, &
ayant resolu, apres auoir abandonné leur ville, & laissé leurs femmes
& leurs enfans à Treizene, de s’embarquer tous, & de se
seruir de leur flotte pour de fendre la liberté commune de la Grece,
assommerent à coups de pierres vn nommé Circile, qui estoit d’auis
qu’ils ne sortissent point d’Athenes, & qu’ils ouurissent les portes,
aux Persans. Certes cét homme leur donnoit apparemment vn
conseil vtile & necessaire, mais on le reietta, comme estant contraire