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Mazarinade n° B_2_34

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Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.


il fut paisible dans son Royaume, chery de ses sujets, & honoré
des Estrangers : & au contraire ce qu’a gagné Perseus
pour auoir voulu contreuenir au traitté qu’il auoit fait. Or
il ne faut pas dire qu’il s’agist dans l’exemple que ie viens
d’apporter, de la foy donnée par vn Prince à vn autre Prince :
mais non pas de la foy donnée par vn Prince à ses sujets ;
Il me souuient d’auoir leu dans Philippes de Commines vn
beau mot sur ce sujet : que Dieu punit tousiours ceux qui ne
font point de conscience de violer leur foy, à qui que ce soit
qu’ils l’ayent donnée. Il n’importe si elle est donnée à des
sujets, ou non ; Il est permis à vn Prince de promettre, ou
non, d’accorder certains articles, ou de ne les pas accorder :
mais quand il en est vne fois volontairement conuenu, il est
obligé de les garder, & de tenir sa promesse aussi bien à ses
Sujets qu’à des Estrangers, particulierement lors qu’ils ne
leur ont promis que des choses iustes. Or que peut-on trouuer
de plus iuste, que les articles de paix que V. M. nous
deuroit accorder ? Y en a-t’il aucun qui soit contre l’honneur
de Dieu ou de vostre Personne, ou au preiudice du
Royaume & de l’Estat ? Qui vous peut obliger à y contreuenir ?
Quelle satisfaction n’auez vous pas eu des Parisiens,
quoy qu’on ne les pût accuser legitimement d’autre crime
que d’auoir cherché du pain, lors que l’on leur ostoit à toute
force ? en quoy, de grace, a paru qu’ils ayent esté rebelles ?
où est le sang qu’ils ont respandu ? en quoy vous ont-ils
desobey ? en quoy ont-ils manqué aux respects qu’ils
vous doiuent ? Si vn Ministre veut faire des leuées immenses,
est ce se rebeller que de s’opposer iuridiquement à ses
desseins ? Il falloit autrefois assembler les Estats generaux,
quand pour quelque grande necessité, il estoit besoin d’imposer
quelques subsides : de sorte qu’auparauant Charles
VII nous ne voyons point que l’on fist autrement aucune
leuée : Et auiourd’huy se sera rebellion à Messieurs du Parlement
de Paris, fidelles tuteurs de la minorité des Roys,
de s’opposer à celles que veut faire vn Ministre.