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Mazarinade n° B_2_34

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Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.



De grace. Sire, ses Messieurs n’auroient-ils pas esté plustost
bien criminels & incapables de leurs Charges, & V. M.
n’auroit-elle pas eu raison de les accuser vn iour d’iniustice
& de lascheté, si ils s’estoient comportez autrement dans ce
rencontre ? Mais cependant, dira quelqu’vn de ceux qui ne
cherchent qu’à broüiller, & qui ne peschent iamais mieux
qu’en eauë trouble ; c’est vne honte que V. M. ait esté obligée
d’en venir à vn accord ; il faut qu’il aye le dessus, & que
les Parisiens se mordent les poulces d’auoir pris les Armes ;
Il y va de l’interest de vostre Couronne, de n’en pas demeurer
là ; il faut à quelque prix que ce soit abaisser l’orgueil
du peuple, & luy monstrer que c’est regimber contre
l’esperon, que de resister à la volonté du Prince. Ce sont
là, Sire, les discours que de mauuais François soufflent peut-estre
tous les iours à vos oreilles : Quand les Parisiens auroient
failly, ce que ie ne puis conceuoir, encore du moins
leur soûmission, leurs coniurations, leurs tres-humbles remonstrances
contre vn criminel declaré tel de vostre bouche
Royale, pourroit auoir flechy cette clemence naturelle
que vous auez heritée de grand Pere, & de Pere, & qui
a coustume de flechir les grands courages.
 
Corpora Magnanimo satis est prosirasse Leoni,
Pugna suum finem, cum iacet hostis, habet.
 
Sola Deos aquat clementia nobis,
Encor que le pays de Guyenne appartint à la Couronne
de France, si est ce que du temps de nostre Charlemagne Il
y auoit beaucoup d’émeuttes, par les pratiques de quelques
grands Seigneurs du pays, qui excitoient le peuple à la rebellion.
Eudon auoit commencé ce jeu sous Martel : Gaiffre
& Hunault ses enfans, & heritiers de son mécontentement,
l’auoient continué sous Pepin. Gaiffre estant mort,
Hunault luy succeda en mesme inimitié, laquelle Carloman
fomentoit pour s’en seruir contre son frere Charlemagne :
Et comme son ambition jalouse le poussoit à entreprendre
contre luy, aussi se seruoit il de l’auare ambition de
Hunault, sous l’appas du reuenu de Guyenne, le voyant en
humeur de s’en faire Duc, estimant auoir assez de creance
enuers les peuples pourueu qu’il fut fauorisé de l’vn des
Roys de France contre l’autre. Or la Guyenne estoit du
partage de Charlemagne ; Hunault iette donc les fondemens
de son dessein pour se soustraire entierement de la
Couronne de France, & faire guerre ouuerte à Charlemagne,