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Mazarinade n° B_2_34

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Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.


facilité naturelle que le respect donne aux Enfans pour les
Meres, vont exposer vostre Royaume, vostre Throsne, &
vostre Personne. Que V. M. Sire, se souuienne de la genereuse
resolution que prit Louis XIII. vostre Pere d’heureuse
memoire, d’esteindre la tyrannie dans le sang d’vn tyran
Estranger, qui appuyé d’vne Mere, & soustenu de ses
Partisans, vouloit disposer & abuser de son enfance, au preiudice
des Princes de son Sang, & de ses Peuples : Si cet
exemple d’hier ne vous touche pas ; lisez, Sire, dans ce petit
racourcy qu’vne Lettre vous peut estaler ce qui se passa
auant hier, dans le centre, dans le cœur, dans la circonference
de vostre Royaume, dans nos Frontieres, & chez nos
Voisins : les dangers & les ruines que les Princes trop coleres
ont attiré sur leurs Couronnes en voulant abbattre, fouler,
& victimer des Peuples supplians. Si V. M. auoit esté
informée des cruautez qui se sont exercées par toutes ses
Prouinces depuis le dernier Blocus de Paris, il ny a point de
Turc ny de Barbare qui n’eut horreur de penser à ce qu’ils
ont commis au cœur de ce Royaume : Mais ce n’est pas d’auiourd’huy
que l’on empesche d’aborder les Princes & les
Roys, pour leur faire entendre la verité, & leur faire connoistre
les desordres de leurs Estats : ce n’est pas d’auiourd’huy
que pour auoir entrée chez eux, il faut se seruir seulement
de paroles de soye. Chacun sçait, Sire, que vous estes
d’vn naturel extremément doux & misericordieux ; & voila
pour quoy aussi chacun se persuade assez qu’il faut de necessité
que l’on vous ait celé toutes ces barbaries. On nous
auoit asseuré de vostre foy, Sire, nous la tenions pour vn
gage tres-precienx de nostre future asseurance, & vn tesmoignage
certain que la paix que vous nous auiez donnée
n’estoit ny simulée, ny pour vn temps. Il ny a rien que des
Princes doiuent garder plus religieusement, que la foy
qu’ils ont donnée : Ils ne peuuent & ne doiuent iamais contreuenir
à leur parole, si ils ne se veulent voir bien tost abandonnez
de tous les hommes. Fides, dit Ciceron, est dictorum