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Mazarinade n° A_3_2

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Anonyme [1649], L’APPARITION MERVEILLEVSE DE L’ANGE GARDIEN A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_142. Cote locale : A_3_2.


attirer vostre vẽgeance, & pour meriter vostre colere ? S’ils sont criminels,
c’est d’auoir trauaillé à sauuer le bien de l’Estat, les finances du
Roy, & la gloire de vostre Regence : S’ils sont criminels, c’est d’auoir
trop souffert des Partisans (ou plustost des Harpies) qui ont injustement
épuisé la France ; & qui comme d’insatiables sangsuës, ont
cruellement succé tout le sang du Peuple : S’ils sont criminels, c’est
d’auoir soûpiré tous les iours, depuis la funeste nuict de l’enleuement
du Roy, d’auoir consolé tant de bons François qui pleuroient l’éloignement
de leur Prince, & d’auoir fait chercher du pain par les
champs pour substanter tant de miserables qui languissoient de faim
dans la ville : S’ils sont criminels, c’est d’auoir esté trop bons, & de
n’auoir pas voulu se defendre de ceux qui les opprimoient injustement.
Et apres tant d’actions si loüables, vous en voulez faire de malheureuses
victimes, les immoler à la haine de leurs ennemis, & punir
des innocens pour des coupables. Apres cela vous demandez des testes ;
mais que ne demandez-vous des cœurs ? & que ne vous faites
vous aimer aussi-tost comme craindre ? C’est par l’amour que toure
la Nature se conserue, & que les plus grands Estats s’entretiennent :
Ce sont les seules chaisnes capables d’attacher les subjets à leur
Prince ; & il luy est bien-aisé de regner dans les villes deslors qu’il
regne dans les ames des peuples. C’est là l’excellente maxime que ie
vous apporte du Ciel, & que vous deuez pratiquer parmy les hommes.
Quittez, quittez, grande Reyne, ces mauuais Conseillers, qui
ne vous inspirent que des cruautez & des carnages : Empeschez le
funeste dessein qu’ils ont de ruiner Paris, & de faire perir vn si grand
peuple. Voulez-vous faire vn horrible Monstre d’vn si agreable
Royaume ? Et que deuiendront les membres d’vn si beau corps,
quand vous en aurez abbatu la teste ? Voulez vous allumer à Paris le
feu d’vne guerre ciuile, qui embrazera peu à peu toute la France ?
Voulez-vous qu’on ruine entierement les subjets du Roy vostre Fils ?
qu’apres auoir receu de ses Ayeuls vne si florissante Monarchie, &
qu’apres en auoir estendu les limites par tant de grandes conquestes,
il ne soit en fin Roy, si ce n’est de gueux & de miserables ? Voulez-vous
voir sousleuer des peuples les vns contre les autres par tout le Royaume ?
& répandre le peu de sang qui reste encore des Frãçois, pour affoiblir
la France au dernier poinct, & l’abandonner en cét estat à l’ambition
& à la haine de ses ennemis ? Voulez-vous voir rẽplir les maisons