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Mazarinade n° A_3_2

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Anonyme [1649], L’APPARITION MERVEILLEVSE DE L’ANGE GARDIEN A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_142. Cote locale : A_3_2.


Espoux ; qui ont renuersé la Morale pour establir leur Politique ; &
qui ont enfin fait passer dans vostre esprit d’enormes crimes pour des
actions vertueuses, ou du moins indifferentes. C’est pour cela en partie
que ie suis venu à vous d’vne façon extraordinaire ; le mesme Dieu
qui a pris autrefois vn corps pour vous rachepter, m’a fait prendre
celuy-cy pour vous instruire ; il m’a fallu faire vne merueille en moy,
pour faire vn miracle en vous mesme, pour vous oster la creance d’vn
faux enseignement, & pour vous persuader par des paroles, ce que
ie n’ay sceu par tant d’inspirations que ie vous ay données. Ie seray en
mesme temps vostre Docteur, & la caution de ma doctrine ; & i’espere
que vous quitterez enfin les aduis des meschans hommes, pour suiure
les sentimens d’vn bon Ange. Ne vous estonnez pas, grande Reyne,
de l’asseurance de ma langue, ny de la liberté de mes discours, ie parle
de la part d’vn Dieu armé de foudres, qui fait trembler les Rois &
les Couronnes ; qui fait, quand il luy plaist, parler les muets pour le
salut des ames, & qui vous aime trop pour laisser plus long-temps la
vostre dans la damnable erreur où elle se trouue. Ie fais ma commission
en faisant vostre bien ; & si vous estes la Regente d’vn Roy foible
& mineur, ie suis le Regent d’vne Reyne qui peut faillir dans sa
charge, sans que ie le puisse iamais dans la mienne. Ie suis confirmé
en grace, & vous la pouuez perdre tous les iours & par les foiblesses de
vostre nature, & par les mauuais conseils de ces faux Docteurs, qui
vous parlent trop librement, & que vous escoutez auec trop de franchise.
Ce sont des Syraines qui ne vous charment par la douceur de
leur chant, que pour faire faire naufrage à vostre vertu. Ce sont des
flateurs sous des manteaux d’Apostres, qui perdent malicieusement
vostre conscience, pour establir plus auantageusement leur fortune.
Ce sont des empoisonneurs spirituels, qui infectent vostre ame d’vn
subtil venin, d’autant plus dangereux qu’il est agreable, & qu’il n’a
point d’autre antidote que la Grace & la Penitence. Songez-y, mais
songez-y soigneusement, grande Princesse ; il y va de vostre salut, il
y va d’vne gloire dont la perte est bien plus grande que celle des Sceptres
& des Couronnes. Quelque belle figure que prenne le diable,
il est tousiours le mesme : & de quelque façon que se déguisent
ses enfans, c’est à dire les vices, ils ne sçauroient iamais démentir
leur pere, ny changer de nature. Quelle apparence y a-t’il que des
injustices & des cruautez horribles passent pour des actions de vertu ?
que des homicides soient permis ? que des violemens soient