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Mazarinade n° A_3_28

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Anonyme [1649], L’ENTRETIEN SECRET DE MESSIEVRS DE LA COVR DE S. GERMAIN, AVEC MESSIEVRS DE LA COVR DE PARLEMENT DE PARIS. , français, latinRéférence RIM : M0_1244. Cote locale : A_3_28.


confondre la sagesse humaine, quand elle veut s’esleuer au dessus
de la sienne. Dieu est le fondateur des Empires, & il en veut
estre aussi le Gouuerneur. Sa prudence en est l’apuy, & sa volonté
en doit estre la Regle. Il ne veut pas, Messieurs, qu’on accommode
ses Loix aux affaires, & la Iustice au temps : Mais il
veut qu’on accommode les affaires à ses Loix, & le temps à la
Iustice. Tout au contraire de ces mauuais Architectes dont parle
Aristote, qui mesuroient leurs regles aux pierres, & non pas
les pierres à leurs regles.
 
Nous ne parlons pas ainsi, Messieurs, pour aucun doute que
nous ayons de vostre probité ; Nous croyons que vous pratiquez
ce que Dieu commandoit aux Roys d’Israël, d’auoir tousiours
sa Loy deuant les yeux par la lecture, dans le cœur par la
Meditation ; & dans les mains par l’obseruance. Nous sçauons
que vous sçauez, que iamais les Souuerains, ny les Iuges n’ont
fait de bien dans l’administration des Republiques, que quand
ils ont sousmis les Loix temporelles aux eternelles ; Et que quiconque
s’égarera de ce principe, il tombera dans l’iniustice, &
de l’iniustice, en toutes sortes de desordres.
L’animal qui tire sa nourriture des Elemens, en tire aussi son
origine ; L’arbre qui reçoit sa naissance de la terre, en reçoit
aussi la vie ; La mere qui a produict l’enfant, prend soin de l’éleuer ;
Et le Soleil acheue dans l’or, la perfection qu’il auoit commencée.
Mais les Estats qui sont plantez de la main de Dieu, qui
les pourra soustenir que luy ? S’ils sont establis par sa Sagesse, qui
les pourra conseruer qu’elle mesme ? S’ils sont fondez par sa seule
puissance, qui les pourra affermir que sa seule Vertu ? Et qui
sçait mieux que vous, Messieurs, que ceux qui ont voulu suiure
d’autres Maximes, ont tesmoigné par leur propre mal-heur,
qu’il n’y a point de conseil contre celuy de Dieu, ny point de sagesse
contre la sienne ?
Le rencontre des affaires presentes nous feroit apprehender
de passer pour suspects en vos esprits : si auparauant que de vous
dire nos sentimens, nous ne protestions vouloir quitter pour vn
temps l’humeur Caualiere & interessée de deça, afin de traiter
auec vous par les seuls principes de la Politique Chrestienne &
Ciuile, que nous professons auec vous comme Chrestiens, &
comme François. Nous ne sommes pas du nombre de ceux qui
estiment peu vostre prudence, vostre zele & vostre affection