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Mazarinade n° A_3_28

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Anonyme [1649], L’ENTRETIEN SECRET DE MESSIEVRS DE LA COVR DE S. GERMAIN, AVEC MESSIEVRS DE LA COVR DE PARLEMENT DE PARIS. , français, latinRéférence RIM : M0_1244. Cote locale : A_3_28.


pour le bien public : Et quelque semblant que nous ayons fait,
nous n’auons iamais pensé que vous peussiez, trauailler pour
d’autres motifs, que pour ceux de la gloire & de la vertu. Nous
auons tousiours creu tres-constamment que l’objet de vos
soins, ne pouuoit estre que le seruice de nostre Prince, de la
Reyne Regente, & de l’Estat. Nous ne vous connoissons pas si
peu que nous ne sçachions bien, qu’il faudroit auoir perdu le
sens, pour reuoquer en doute vne fidelité attestée par tant de
Siecles, confirmée par tant de preuues ; & ratifiée en tant de fameux
rencontres, aux despens mesmes de vostre repos, & de vos
fortunes. Quand nous auons parlé autrement, ce n’a esté que
pour estre Courtisans à la Cour, & pour viure à S. Germain
comme à S. Germain ; ainsi que vous parlez & viuez à Paris
comme à Paris. Car qui ne sçait que vos interests sont inseparablement
attachez à ceux du Roy & du Royaume, & que
ceux-là ne peuuent perir, sans que les vostres soient destruicts ?
 
Apres toutes ces protestations sinceres & veritables, que
nos cœurs prononcent plus hautement que nos plumes ou nos
langues ne les sçauroient exprimer. Nous croyons vous pouuoir
parler en confidence, & communiquer nos pensées sur les
affaires presentes, desquelles il semble qu’il n’est pas quasi possible
de se taire, puis que tout le monde y a vn si notable interest.
Les accidens qui attaquent les Estats, sont comme le feu qui
s’est pris aux Temples & aux Autels que chacun doit s’efforcer
d’esteindre : chacun a donc droict aussi d’en dire sa pensée.
Nous sentons la misere commune auec vous, comme vne Eclipse
du Soleil & des Astres, qui ne peut estre que tres-funeste,
si l’on ne court promptement aux remedes. Nous en apprehendons
les progrez & les suittes, & nous croyons en deuoir conferer
auec vous, d’autant plus confidemment & franchement,
que nous sçauons que la flatterie est vne peste de Cour, qui a
commencé tous nos maux, qui les a fomentez, qui les entretiendroit
encor & les rendroit sans ressource, si la Prouidence
du Ciel n’appliquoit la vostre pour venir au secours.
Pour vous monstrer, Messieurs, combien cette mauuaise
qualité a peu de pouuoir sur nos esprits, bien que nous soyons
Courtisans ; Nous vous dirons d’abord que sans vouloir entreprendre
de penetrer l’abysme des iugemens de Dieu, que nous