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Mazarinade n° A_3_34

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Anonyme [1649], L’ESPAGNE DEMANDANT LA PAIX AVX PIEDS DE LA MAIESTÉ ROYALLE, ET DV PARLEMENT. , françaisRéférence RIM : M0_1275. Cote locale : A_3_34.


sans separer mes soupirs, i’ay gemi pour tous. Ay je perdu l’humanité
en laquelle i’ai posé les fondemẽs de mon Empire, que l’on me croit
plus barbare que les plus sauuages animaux ? Mon Cõseil [3 mots ill.]
qu’vn monstre (comme quelques vns de vos suiects [2 mots ill.] auec trop peu de cõscience que l’õ ne le croie pas capable d’vn mouuemẽt
tẽperé par la raison & par douceur ? Ie suis tout autre que l’on
ne vous persuade, Souveraine Maiesté, i’aime la paix & ie haïs la
guerre. Il y-a long temps que ie souhaite de sortir de l’vne & d’entrer
dans l’autre. I’en ai cherché par tout le chemin & ie n’ai peu encore
le trouuer.
 
Du [1 lettre ill.]emps de vostre grand Armand combien pour cette paix ay-je
fait de souhaits inutilles : mais plus ie la desirois & moins ie voyois
d’espoir dans mes desirs. Ce grand homme, que ie ne sçaurois nommer
autrement, quelque mal que sa Grandeur m’aye peu faire, me
faisoit sentir la guerre de toutes parts, comme si i’eusse esté vn
hydre à mille te[3 lettres ill.]s il armoit mille bras pour m’exterminer. Tous
les iours ie receuois de sa main de nouuelles atteintes ; & i’auois
tant d’occupations à penser mes playes que ie n’auois pas le loysir
de vous implorer.
Vous diray-je de quelle sorte me traittoit vostre inuincible foudre
de guerre, vous diray-je de quelle sorte le grand Gassion me persecutoit,
ce Mars que i’ayme apres sa mort, autant que ie le creignis
en sa vie, quand ie n’eusse pas eu l’inclination bonne, m’auroit assés
fait venir l’enuie de la Paix. Ie brûlois donc, Maiesté souueraine,
ie brûlois de pacifier mes differans auec vous. Mais dans l’ardeur
de mes desirs ie ne sçauois de quel costé me prendre pour vous les
exprimer. Ces deux redoutables Heros m’estoient deux puissantes
barrieres qui m’empeschoient de m’approcher de vous.
Quand ie pensois à ces deux inuincibles aduersaires mes desseins
de Paix s’euanouïssoient Ie m’imaginois que toute la terre n’estant
pas assés grande pour des conquerans si formidables, en vain
voudrois-je conseruer mon Paїs. Qu’il estoit impossible de traitter
auec vous pendant que vous employriés deux hommes lesquels s’ils
auoient esté en vostre place ne m’auroient regardée que comme vn
esclaue. Ie ne sçay si i’auois raison, illustre Majesté mais au moins
ie n’auois point d’esperance. Quand ie voyois d’vn costé comme le
grand Armand estonnoit mon Conseil, & de l’autre cõme le grand
Gassion effroyoit mes guerriers, moy mesme ie ne pouuois me deffendre