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Mazarinade n° A_3_34

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Anonyme [1649], L’ESPAGNE DEMANDANT LA PAIX AVX PIEDS DE LA MAIESTÉ ROYALLE, ET DV PARLEMENT. , françaisRéférence RIM : M0_1275. Cote locale : A_3_34.


tousiours d’aller plus auant, quoy qu’elle ait tres mauuaise
bouche. Et de fait cét Etat que Dieu à esleué pour estre le defenseur
& l’arbitre des autres, luy fait succeder au rebours ses injustes
projets ; & comme il prend ordinairement en main la cause des
foibles & des oppressez, que sa tyrannie persecute, apres les auoir
remis dans leurs premiers droicts, & l’auoir chassée des Terres de
ses voisins, il luy rogne encores les aisles, de crainte qu’vn autre
fois elle n’y reuolle.
 
C’est ce qui rend cette opiniastre Monarchie toute furieuse
contre vn si important & si redoutable aduersaire. Elle ronge
auec impatience & auecques rage le rude frain dont il la retient.
Elle me dite de renuerser par Terre ce maistre rigoureux & ferme
qui la tormente, & qui empesche sa grande & violente course.
Elle rue, elle ronfle, elle saute, elle fait la desesperée, elle
mord, elle se secoue, mais elle ne gaigne rien : quoy qu’elle se
tormente, sa fougue ne sert qu’à la lasser. C’et Estat tient toûjours
les resnes bien fermes ; plus elle s’eforce & plus il la serre
& la met en sang de coups d’éperons.
Nous auons veu la verité de toutes choses : & nos peres les
auoient veues longtemps, mesmes auparauant nous. En combien
d’occasions l’Espagne s’est elle monstrée nostre ennemie : quels efforts
n’a telle point faict pour nous renuerser ? ie redirois des choses
trop cogneues & desia trop dittes, si ie voulois par le menu les rememorer.
Chacun sçait assez que l’aduersion qu’elle nous porte est si
forte & si ancienne qu’elle en est deuenue naturelle ; & qu’il ne naist
point d’Espagnol qu’il ne vienne au iour vn ennemi des François.
Cette antipathie s’estant si fort enracinée en son ame,
elle a perdu quasi tout pour la suiure tous ses autres mouuemens.
La Monarchie vniuerselle n’a plus gueres de force en son ame :
Elle en a alenti l’ardeur pour on auoir plus contre nous : Elle iuge
pourtant bien il y a desia longtemps que toute sa force n’est
pas suffisante pour assouuir son dépit, elle voit par les pertes
qu’elle a faittes qu’il fait mauuais s’éprouuer contre de iustes &
de vigoureux combatans : Elle sçait assez qu’elle difference se
rencontre entre ces fanfarons & nos gens-d’armes : Entre ses
vains enfans & nos Genereux.
Cette connoissance l’a portée, & cedant à la force, d’vser de la
ruse : elle fait le Renard apres le Lion. En cette maniere de nous