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Mazarinade n° B_4_19

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Anonyme [1652], L’ESPRIT DV FEV ROY LOVIS LE IVSTE A LA REYNE. Luy tesmoignant ses sensibles regrets sur le mauuais gouuernement de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_1286. Cote locale : B_4_19.


à vne furieuse le fer à la main, pour en frapper
indifferemment ses amis comme ses ennemis.
Ceux mesmes dont vous meditiés desia la ruine haranguerent
en vostre faueur. Et l’on vit le premier
Officier de la Iustice authoriser en vous vne puissance
qui deuoit bien-tost se rendre fatale à son
bon-heur. Vous fustes comme l’Empereur Calicula,
conduite à ce haut rang d’honneur entre les
acclamations publiques, les noms mignards & les
loüanges vniuerselles que vous donnoient plus
hardiment ceux qui vous connoissoient le moins.
La ioye fit son effet ordinaire en vostre ame, aussi
foible qu’elle auoit paru forte auparauant, elle
aueugla vostre esprit, & comparable à la chaleur
de l’Esté, qui prouoque les mauuaises odeurs par
la corruption qu’elle cause dans les sujets disposez
à la receuoir, elle fit incontinent éclatter tous vos
vices & tous vos defauts, que la tristesse, comme
vn froid de l’hyuer, qui glaçant la superficie des
corps les plus impurs, les empesche de ietter aucune
mauuaise exhalaison, auoit tousiours tenus cachez.
Vostre liberté fut la cause de vostre libertinage,
& vous creustes qu’vn si fauorable commencement
vous promettoit vne heureuse fin. Vous ne
vistes pas que le peuple, que le feu Cardinal m’auoit
obligé de traitter vn peu seuerement, se promettoit
que vous le soulageriez au plustost, qu’il
vous applaudissoit principalement par cette raison,
& qu’il vous haïroit si tost que vostre mauuaise
conduite luy feroit voir la vanité de son esperance.