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Mazarinade n° A_3_51

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Anonyme [1649], L’ESTAT DEPLORABLE DES FEMMES D’AMOVR DE PARIS, LA HARANGVE DE LEVR AMBASSADEVR ENVOYÉ AV CARDINAL MAZARIN, & son succes. , françaisRéférence RIM : M0_1293. Cote locale : A_3_51.


vous auez goustees parmy nous, de ces delicatesses dãs lesquelles
nous auõs vescu & que vos ioyes passees & nostre mal heur
present vous donneroient quelque pitié de l’estat ou nous sommes.
Estant Scicilien nous auõs pensé que le pays vous donneroit
quelques tendresses pour nous, car il me souuient qu’vn
iour dedans vos diuertissemens i’entendois des Messieurs qui
disoient (ie ne sçay si c’estoit par flaterie) que Venus estoit neé
de Scicile & sur ce il vous prist vn grand esclat de rire, ce qui
me fit bien voir ou que la verité estoit telle ou que cette flaterie
vous estoit bien agreable : mais quand vostre naissance ne vous
donneroit aucuns bons sentimens pour nous, le long-temps
que vous auez esté à Rome, vous a pû donner les veritables lumieres
qui vous doiuent éclairer en ce rencontre. Cette ville
qui a tousiours esté la maistresse & le soleil du monde a par ses
clartés reconnû la beauté de la vie dans ce plaisir, se l’est reseruée
sans la cõmuniquer à d’autres parce qu’elles ne le meritoient
pas Pour ce les Empereurs ont faict si souuent de leurs
Palais, les lieus de leur plaisir, leurs femmes & leurs filles ont
tant obligé de consuls de preteurs & de tribuns & mesmes
aujourd’huy que Rome semble estre tout a faict changée
de face auec toute sa seuerité & son scrupule elle a authorisé ce
diuertissement ; que cette coustume est loüable qui empesche
les pechez contre nature, les viols, & les adulteres, que Solon
fit bien d’acheter des femmes d’amour pour reioüir la ieunesse
d’Athene, que Licurgue prudemment en vsa quand il n’en a
point parlé dans ses Loys Et que les peuples d’Angleterre, &
de Corinthe, honoroient bien leurs dieux lors que dans
leurs sacrifices au lieu de destruire les creatures ils s’ẽploioient
a en faire. Si ie parlois a vn homme moins intelligent & que
ieusse plus de memoire ie vous en dirois d’auantage mais vous
mesme qui auez experimenté les joyes qui se goustent dedans
l’amour, nous auons a vous faire des reproches de souffrir
nos mauuais traictemens. Vous sçauez que l’amour est vn
enfant qui ayme les succreris & les ieux & a present toutes
nos filles sont reduites a manger du pain. Cét enfant ayme fort
les Tapisseries de haute lice & les pourtraicts ie vous iure qu’il