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Mazarinade n° C_5_49

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Anonyme [1649], L’HERACLITE COVRTISAN. Væ, væ, væ, Superbia commune Nobilitatis malum. , français, latinRéférence RIM : M0_1621. Cote locale : C_5_49.


Reine de tous vices. Elle produit la vaine gloire, l’enuie, la
colere, la tristesse, l’auarice, la gourmandie, & paillardise, qui
sont autant de chaisnons par lesquels le mauuais Demon nous
maistrise : Et quelque œuure que l’on se puisse imaginer, si les autres
vices sont excusables & passables, la seule Superbe est odieuse.
Voila le premier traict de crayon, qui a poussé vn saint Pere &
Docteur de l’Eglise à dire, que la Superbe a donné commencement
à nostre salut : car elle a esté cause de nostre Redemption. Ie
souhaiterois bien volontiers que le commencement & la suitte
de tout ce discours fust le commencement de nostre connoissance,
& puis nostre salut : Ie parle en general, d’autant que ce vice a
son principe enraciné si fort en la masse de toute nostre Nature
humaine, qu’il seroit aussi difficile de l’arracher comme de tirer
vn thresor hors de terre.
 
Democrates grandement chargé d’années ; s’efforçoit vn jour
de monter en vne haute forteresse, qui estoit dans la ville d’Athenes,
& luy plust de dire, en perdant halaine, qu’il faisoit ne
plus ne moins que tous les Citoyens de cette ville, c’est qu’il respiroit
beaucoup, & faisoit peu. Ne plus ne moins aussi qu’vn
membre enflé de mal n’est pas bien propre à faire seruice : de
mesme vn Esprit enflé de Superbe & d’Orgueil est mal propre à
tout bien : car il est emporté d’vn desir desordonné d’auoir & de
jouïr de l’honneur que luy mesme deuroit rendre à vn autre : ce
qui est vn defaut fort remarquable en ce que principalement il
heurte la Diuinité, & ne peut se borner ny captiuer dans aucune
regle ou mesure finie. Mais ie dis bien plus, comme ce vice a esté
le premier pour ces Esprits, qui ont perdu la gloire, il est aussi le
dernier pour ceux qui en veulent approcher. La Palme (qui est le
symbole de la vertu) a cela de propre, que plus elle est affaisée &
abbattuë, plus elle se releue, & se remet en son premier estat ; la
Superbe pareillement se veut faire voir d’autant plus, que l’on la
veut cacher & affoiblir : Mais au lieu de porter la personne à la
vertu, elle la rend du tout indisposée & inhabile à icelle.
Nous remarquons auec plusieure, que la Superbe ruine toute
sorte de bons desseins ; & quant aux biens de la Fortune elle est
comme vn vermisseau qui les ronge ; aussi est-il impossible à vn
superbe de les conseruer. Quant à ceux de l’esprit & du corps
par succession de temps elle les fait perdre. Elle est mere du