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Mazarinade n° B_16_25

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Anonyme [1652], L’INCONNV A LA REYNE. Où elle est suppliée, de chasser le Cardinal Mazarin, & monstré la necessité de son exil par des raisons infaillibles, & inneuitables, à cellefin d’auoir la Paix Generalle. , françaisRéférence RIM : M0_1693. Cote locale : B_16_25.


falloit-il recompenser des exploits si heroiques par vn traitement
si rigoureux ? falloit-il outrager des Princes qui
auoient affermy la Couronne vn million de fois ? En fin falloit-il
animer le peuple contre eux, & contre leur liberté
mesme ? c’est le commerce iournalier de ce traistre, lequel
en baisant mesme, perd ceux ausquels il fait bonne mine,
c’est vn vipere bien formé.
 
Il a volé, & il a esté surpris, il a tyrannisé, & il a esté
chasse : le Roy l’a declaré criminel, & on l’a rappellé, moyen
de bailler lieu à toutes sortes de pretextes.
Voyla donc la Guerre allumee au milieu des Prouinces,
les Estrangers des deux partis les pillent & les desolent,
leur lubricité triomphe de nostre integrité, Voyla donc le
bon-heur que produit le Ministere du Cardinal Mazarin.
Voyla deux puissantes armées leuées dans vn mesme Royaume,
composées d’hommes de mesme Nation, de mesmes
Prouinces, de mesmes citez, de mesme sang, de mesmes
familles, tous sujets d’vn mesme Prince, portant vn mesme
nom de François, & tous ayans vn mesme titre de Chrestiens ;
leurs enseignes ont vne mesme Fleur de Lys, & ie
crois qu’il n’y a pas vn seul Soldat qui n’ait vne mesme affection
pour la conseruer : Cependant pour supporter vn proscrit,
vn exilé, & vn temeraire, tout est en combustion.
Si c’estoit pour conseruer au Roy son autorité absoluë, &
monstrer aux rebelles la peine de leur faute : il n’est pas possible
de penser de plus saintes, plus iustes, & plus legitimes
causes : Mais les voyes, & les maximes qu’on obserue à la
Cour, vous conduisent à vne fin toute contraire, à ce que
vous pretendez. Nous aymons nostre Roy comme la prunelle
de nos yeux, on luy obeyt par tout ; & de croire qu’en
perdant les biẽs de ses Peuples, de s’imaginer qu’en les rauageant,
on assujetisse les cœurs ; C’est ce qui ne se peut obtemr
dans la franchise de vos suiéts. Quand le reste de la
France, aura armé sen blablement : Quand à coups de canons
vous aurez rasé vos Villes, vos Eglises, & vos Maisons,
Quand vous aurez fait manger vostre substance, vos fruits,
& ceux des Laboureurs : foulé aux pieds de vos Cheuaux