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Mazarinade n° B_4_11

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Anonyme [1649], DISCOVRS D’ESTAT ET DE RELIGION, SVR LES AFFAIRES DV TEMPS PRESENT. A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_1106. Cote locale : B_4_11.


de cette Assemblée, à la face du Peuple, le chappeau sur la teste
comme vne statuë. Les dernieres douleurs augmentent toûjours les
premieres, MADAME, & le traict d’infidelité, qui nous a piqué au
vif dans le TE DEVM, de cette nouuelle victoire sur les ennemis de
l’Estat, nous monstre bien que l’Estat n’en a point de plus dangereux
que luy : S’il ne fait point de difficulté de conuertir les actions de
graces publiques en sacrileges, sous pretexte de maintenir l’authorité
Royale, quelle confiance pouuons nous prendre en ses déportemens ;
& s’il ne trouue point d’autres moyens pour l’appuyer, que de
violer la foy publique contre les plus fidels seruiteurs du Roy ; que
peut-elle deuenir entre ses mains qu’vn fantosme ? L’authorité Royale
est si legitime d’elle-mesme, qu’elle ne peut pecher, mais bien les
Ministres qui la dispensent, qui luy veulent faire changer de face, &
ceux là sont les veritables adorateurs, qui vous remonstrent que sa
force consiste en son innocence & en sa justice, sans lesquelles elle
ne peut subsister. C’est par là que celuy qui a fondé les Empires les
garde, & non pas par des maximes impies & d’impies, qui ne cessent
de les esbranler, iusques à ce qu’ils les ayent renuersez. Vostre Maiesté
le voit auiourd’huy, MADAME, & qu’il s’en est peu fallu que
ses conseils ne vous ayent rendu ce TE DEVM plus funeste qu’à nos
ennemis, si nous en considerons le succez par les fondemens que
nous auons establis sur la Religiõ en nostre premier Discours. Nous
y voyons comme les interests des innocens y ont esté démeslez d’auec
ceux du coupable ; & que l’affront qu’il leur auoit preparé en faueur
de ce triomphe, s’est renuersé sur luy pour leur en laisser le fruit.
Vous y voyez la fatalité de son iniustice dans les decrets des Iugemens
d’en haut, & iusques à quel peril il auoit engagé l’honneur de
vostre Regence, si Dieu ne s’y fust visiblement opposé. Mais enfin
nous esperons, MADAME, que ce sera de cette reflection que vostre
Maiesté tirera desormais les lumieres necessaires à sa conduite,
& non pas de ces faux luisans, qui ne nous esclairent que pour nous
conduire dans les precipices.
 

FIN.
A PARIS, Chez la Veufve I. GVILLEMOT, ruë des Marmouzets.