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Mazarinade n° C_12_35b

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Anonyme [1652], L’OMBRE DV FEV PRINCE DE CONDÉ, APPARVE A MONSIEVR LE PRINCE SON FILS, Depuis sa sortie de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_2592. Cote locale : C_12_35b.


vous, deux mille Soldats effectifs, c’est trop peu & si c’est
b/> trop, trop peu pour resister aux forces d’vn grand Roy,
quand il les voudra desployer contre vous, & c’est trop
pour ruïner tout à fait le paїs où vous passés, ou bien où
vous pretendes d’estre receu, & c’est trop pour vous
acquerir la haine des peuples & de tout vn Royaume. Vous
aurez donc recours aux Estrangers, mais si vne fois ils
voyent les Communes animées à vous courir sus, ils ne
voudront pas se fier à vos peu de forces, pour entrer sur des
terres ennemies, dont ils ne sortiroient pas si aisément
quand ils voudroient, & puis pour cela vous sçauez s’il leur
faut de l’argent, car de leur abandonner le paїs au pillage
& pour leur paye, comme vous auez fait iusques icy &
particulierement autour de Paris, les peuples ne sont plus
resolus de vous souffrir. Vous irez peut-estre à Bruxelles ;
& de quel œil pensez vous qu’on vous y regarde, vous qui
les auez tant de fois battus, & qui auez esté la principale
cause de leur ruïne & de leurs miseres : l’on vous y regardera
comme on a fait le Duc de Lorraine à Paris auec horreur,
quelques mutins courront pour vous voir, mais la
meilleure & la plus saine partie voudroit vous auoir mis au
tombeau. Voila comme l’on parloit & comme l’on regardoit
ce Duc à Paris, non pas seulement depuis la tromperie
du premier voyage qu’il fit, où s’estant retiré, tous vos
sectateurs le destinoient à la mort, mais encore depuis il
n’a iamais esté regardé à Paris que comme le plus grand
fourbe & le plus insigne voleur de la terre. Et apres tout
croyez vous que l’Espagnol vous fie ses forces & mette ses
meilleures troupes entre vos mains, iamais cela ne sera, il
y a trop de raisons pour le contraire. Vous aurez donc
tousiours des troupes qui ne vous obeïront pas, des Chefs
qui auront des ordres secrets & charge de ne rien entreprendre
que selon les sentimens d’Espagne. Et iusques icy
n’a t’on pas veu que leur seul dessein a esté d’amuser les armes
du Roy, sans vouloir iamais combattre, afin que l’Espagnol
eut le loisir de faire des progrez, où il ne trouue
point de resistance. Et c’est ce qu’on dit que vous luy auez
promis & ce qui iettera vne confusion & vne honte eternelle
sur vostre front, & fera vne tache à vostre reputation
irreparable à la posterité.