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Mazarinade n° C_12_35b

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Anonyme [1652], L’OMBRE DV FEV PRINCE DE CONDÉ, APPARVE A MONSIEVR LE PRINCE SON FILS, Depuis sa sortie de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_2592. Cote locale : C_12_35b.


souffrir ces tentatiues du hazard, & ces tentations de busquer
fortune, dans ceux qui n’ont rien à perdres, & qui se
treuuant dans vne mauuaise posture, ne peuuent rencontrer
vne telle conjoncture d’affaires, qu’ils ne soient toûjours
en vne meilleure assiette, & que la prison ou la mort
ne leur soit plus douce, que leur vie languissante dans
l’obscurité parmy l’esclat du monde, ou dans la necessité
parmy l’abondance des autres. Mais pour ceux qui partagent
la felicité de la terre auec les Sounerains, & qui dans
les honneurs & l’affluence de toutes choses, se font tous
les iours autant d’adorateurs que de crearures ; ils doiuent
iouyr des douceurs du bonheur de la vie, sans escouter ces
esprits inquiets, ambitieux sans sujet, qui n’ayant rien ou
pas grande chose, ne hazardent rien, & par des idées imaginaires,
forgent des Trosnes, & forment des desseins que
l’on voit auorter aussi tost qu’ils sont conceus,
 
Ces pensées eussent esté peut estre tolerables en ma personne,
qui me voyant premier Prince du Sang, de la plus
belle Couronne du monde, sans auoir du bien pour soustenir
cette qualité aupres d’vn gran Roy, qui ne vouloit
pas agrandir ses Princes, en sçachant bien la consequence
m’obligea de recourir aux Estrangers ; & de mesnager
quelques pratiques auantageuses pour ma fortune, ce qui
m’eust esté plus pardonnable, n’ayaut pas pour lors dequoy
maintenir le rang de ma condition. Mais vous que
i’auois laissé le plus riche Prince de l’Europe, pour ne pas
dire comme le Roy vostre Maistre sans la Declation à
son Parlement touchant vostre emprisonnement, vous le
plus riche suiet du monde, quel honneur phantastique vous
a peu esblouïr de sa fausse lueur, puisque vous possedez
tous les veritables honneurs dont vous estes capable, & autant
pe biens qu’on en peut auoir pour estre content, sans
vn Royaume.
Certes, Prince mon Fils, i’ay bien de la peine à croire que
vos desseins & vos idées fabuleuses ayent autant de fondement
qu’on leur en veut donner ; ce pour ce qui est des
profusions & largesses, par lesquelles l’on gagne le cœurs
des peuples, ie ne vous ay pas veu dans l’excez, & n’ay pas
entendu dire que vos prodigalitez vous ayent fait souhaitter
quelque part pour Maistre absolu, dans la disposition de
toutes choses. Vous tenez cela de moy sans doute, qui n’ay
iamais passé pour trop libera, & pés vostre seconde campagne,