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Mazarinade n° B_13_17

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Anonyme [1649], L’OMBRE DV GRAND ARMAND CARDINAL DVC DE RICHELIEV, PARLANTE A IVLES MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2593. Cote locale : B_13_17.


L’OMBRE DV GRAND ARMAND
Cardinal Duc de Richelieu, parlante à Iules Mazarin.

C’EST vn des Attributs de la gloire infinie dont ie ioüis
auec les Esprits bien-heureux, de voir toutes les choses
du monde distinctement d’vn seul regard, & sans confusion,
non pas seulement les passées, & les presentes :
mais aussi celles qui seront iusques à la consommation
des siecles.
Le grand Dieu que nous adorons, & auquel nous sommes vnis par
vn lien d’amour indissoluble, ne nous a rien caché que le seul iour du
iugement dernier : & pour ce secret, qu’il ne nous a pas voulu reueler,
nous ne souffrons point de diminution de felicité, hors laquelle connoissance,
& voyans Dieu face à face, nous voyons en luy toutes ses
idées, qui dans son essence diuine, ne sont point differentes de luy-mesme.
S’il y a de la distinction entre elles, c’est lors que nous les
considerons comme hors de cette diuine Essence, qui nous comblant
de sa lumiere, nous les fait connoistre iusques à la moindre circonstance,
& nous porte encore par cette voye en l’admiration de son
immense grandeur.
Ce discours que ie vous fais, mon trop indigne successeur, surpasse
les forces de vostre esprit, qui s’appliquoit autrefois auprés de
moy, plustost à la Politique de l’Estat, dont vous renuersez auiourd’huy
les maximes, & les fondemens, qu’à la contemplation de vostre
derniere fin. C’est pourquoy le moindre de vos soins est de seruir
Dieu, & la Religion, dont le zele m’a tousiours esté fort cher,
durant que i’ay agi comme Ministre de la France, à laquelle i’ay laissé
les moyens, non pas seulement de conquerir toute la terre : mais
aussi ceux de posseder encore l’Empire du Ciel, dont i’ay commencé
de monstrer le chemin par mon Catechisme, & dont l’on trouuera
la fin dans mon Liure de la Perfection du Chrestien.
La contrarieté de nos inclinations vous a diuerty de la voye où
i’auois entrepris de vous guider, & i’auois pensé que vous souuenant
de vostre naissãce, il suffiroit de vous eleuer au Cardinalat, & de vous