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Mazarinade n° B_13_17

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Anonyme [1649], L’OMBRE DV GRAND ARMAND CARDINAL DVC DE RICHELIEV, PARLANTE A IVLES MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2593. Cote locale : B_13_17.


faire tres riche : & qu’ainsi ayant borné vostre ambition, & satisfait
à vostre auarice, vous trauailleriez pour la grandeur de l’Estat, pour la
paix le repos, & le salut des peuples, & pour l’extirpation de l’Heresie.
Mais vostre insatiable cupidité s’est accreuë par le pouuoir que vous
auez eu sur les tresors du Royaume : en quoy vous imitez le feu qui
s’augmente à mesure qu’il trouue plus de matiere pour brusler ; &
ainsi ce grand amas de richesses, que vous vous estes iniustement
acquises, vous a fait monter iusques à l’insolence, & au point mesme
de vouloir estre Maistre souuerain, au lieu de vous contenter de la
qualité de Ministre.
 
Vous deuiez prendre exemple sur ma fortune, & sur ma conduite,
qui ont (ce me semble) laisse à la posterité les modeles pour former,
& perfectionner mesme les actions d’vn vray, d’vn iuste, & d’vn fidele
Ministre d’Estat. Si vous auiez consideré, que si quatre à cinq
millions, que i’ay laissez tout au plus à mes heritiers, ont bien esté capables
d’émouuoir contre moy l’enuie de plusieurs François, combien
que vingt-deux ans de seruice eussent bien deu m’en exempter ;
puis qu’on ne murmuroit point contre tel Partisan de quinze ans qui
en a laissé deux fois dauãtage Vous, qui estes vn estrãger, n’eussiez pas
creu pouuoir derober à la France en quatre ans, quatre fois plus que ie
ne possedois à ma mort, sans attirer au mesme temps sur vous l’indignation
des defenseurs de la Monarchie, & la plainte, & en suitte la
fureur des peuples ?
Quel soin auez vous iamais eu de recompenser la Vertu, & de secourir
les pauures ? Nommez-nous quelques personnes indigentes &
de merite à qui vous ayez departy des bien faits secrets, ou que vous
ayez eleuées par cette seule consideration ? Auez vous comme moy
fait florir les Lettres ? Auez vous, comme i’ay fait, eleué à la Prelature
plusieurs personnes de doctrine, qui d’Euesques que ie les ay fait
deuenir, n’estoient que de simples Prestres, grands Predicateurs à la
Verité mais qui n’estoient pourueus d’aucuns Benefices pour faire valoir
leur merite ? Auez-vous iamais eû la pensée de former, comme
moy, vne illustre Academie, & faire vn fonds pour donner des
pensions à tous les bons esprits qui la cõposoient ? Vostre inclination
ne vous porte pas à de si belles choses ; les mediocres vous plaisent
mieux ; & vous aimez dauantage le jeu & les desbauches, que vous
ne vous plaisez à mettre les pauures vertueux à l’abry de la necessité ;
Demandez à de telles gens qui sont venus à ma connoissance, auec