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Mazarinade n° C_6_41

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Anonyme [1649], L’OMBRE DV GRAND ARMAND CARDINAL DVC DE RICHELIEV, parlante à Iules MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2593. Cote locale : C_6_41.


garde de Mousquetaires à cheual : car s’ils eussent connu ce dessein,
ils n’eussent pas manqué de le deceler. Vous leur distes bien
que la dépense en estoit inutile. Et sur ce pretexte sordide, vous
ostâtes au Roy cette seureté incorruptible, & qui sans comparaison,
estoit plus necessaire à vn Roy mineur, qu’elle n’estoit
au feu Roy son Pere, qui l’auoit establie par mon conseil. En effet,
comme vous estes naturellement si vilain, & auare, que les
bien-faits que l’on reçoit de vous, sont à vostre aduis, comme
autant d’exactions qu’on vous fait, les sots pouuoient croire que
c’estoit par bon mesnage que vous retranchiez l’entretien de
ces Gardes : mais les Sages virent bien que le Chef vous en déplaisoit,
pour ce qu’il estoit trop genereux, pour ne s’opposer
pas à vos pernicieux desseins, quand il vous prendroit enuie de
les executer. Vous sçauiez bien que ce petits Corps, dont la dépense
n’eust pas cousté en dix ans, ce que vos escuries, vos ballets,
& vos flateurs ont consommé en moins de trois, estoit remply
de Gentils-hommes courageux, bien vnis, & que le feu Roy
estimoit comme autant de Capitaines, & vous estiez bien informé,
qu’estans proches de la personne de sa Maiesté, ils eussent
genereusement empesché le rapt que vous en auez fait desia
plusieurs fois, apres auoir enleué l’esprit de la Reyne, par vos industries
captieuses, & remplies d’imposture & de calomnie.
Vous estes poltron, deffiant & traistre, de sorte que quand vous
n’adiousteriez pas le mensonge à ces qualitez qui vous sont toutes
naturelles (grands defauts, dont i’ay tousiours esté exempt)
vous feriez tant de faux pas, qu’à la fin vous y perirez, si vous n’y
preuoyez de bonne heure. Mais afin que vous puissiez les employer
vtilement pour vous sauuer du peril où ie vous voy. Ne
vous fiez plus aux flateurs qui vous retiennent, ny à vostre presomption,
& apres auoir derobé le bien de la France, dérobez-vous
d’elle secretement, & au plustost, si vous estes sage ; & si
vous estes homme de probité, ie vous conseille de restituer.
 
Il ne faut pas que vous vous estonniez si ie vous reproche vos
trahisons, pourquoy rebutâtes-vous en l’an 1644. vne personne
de qualité, auec qui i’auois moy-mesme negocié, par des lettres
escrites de ma main, & par personnes interposées, pour la
reduction du Royaume de Naples, & sa reünion à la Couronne