[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_6_41

Image de la page

Anonyme [1649], L’OMBRE DV GRAND ARMAND CARDINAL DVC DE RICHELIEV, parlante à Iules MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2593. Cote locale : C_6_41.


que ie dis, & qui sera tousiours la plus forte vous conuainct de
trahison à la France, ou bien elle vous doit faire chasser du Ministere
comme negligẽt & incapable. Car puis que ce Seigneur,
enuoyé par les Grands du Royaume, venoit reprendre la trace
qu’il auoit commencée auec moy, & puis qu’il s’offroit de
vous faire voir clairement que N. payoit les pensions d’Espagne,
pourquoy ne parliez-vous pas de cette affaire au Conseil, ou
aux Princes, qui n’en ont iamais rien sceu ? Et pour quelle raison
n’esclaircissiez vous pas cét aduertissement ? Les propositions
estant auantageuses, ne falloit-il pas y entendre, & l’aduis estant
important, ne falloit-il pas du moins en approfondir la vertié ?
Vous n’auiez garde de choquer le Roy d’Espage, & vous ne
pouuiez pas vous resoudre de mettre és mains de la Iustice celuy
qui estoit complice de vostre peculat, & qui a transporté en
Italie tant de millions, en si belles especes d’or, qui par mes soins
ont esté si bien reformées.
 
I’adiouste à cela que la trahison faite à Naples sur la personne
du Duc de Guise, est vn ouurage de vostre esprit, & que le traistre
ayant appellé pour garant vne personne qui receuoit vos ordres
en Italie, n’a-t’il pas confirmé par ce moyen cette mal-heureuse
verité ?
Auez vous iamais veu que i’aye refusé de parler à tous ceux
qui desiroient m’entretenir des affaires d’Estat, voire mesme des
affaires priuées ? Ie suis certain que ie ne refusay iamais d’audience
à qui me l’a demandée. Les propositions impertinentes
mesmes, m’ont donné quelquefois suiet de m’égayer : mais
ie n’ay iamais esté inciuil à ce point d’en prendre auantage en
la presence de ceux qui se rendoient ridicules. Ie puis dire que
cette facilité à souuent rencontré des aduis d’importance dans
la bouche des personnes qui connoissans vostre impertinente
grauité, vous considerent comme vn ambitieux ignorant,
grand fourbe, & incapable de la place où vous estes mis. Il faut
qu’vn Ministre d’Estat soit courtois, affable, liberal, humble ;
& homme de vertu & de foy. Tout le contraire de ces qualitez
que i’ay possedées, & qui m’ont acquis apres ma mort
l’estime que la calomnie enuieuse m’auoit voulu rauir durant
ma vie, est proprement le racourcy de vostre inclination, qui