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Mazarinade n° C_1_40_04

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Anonyme [1649], SVITTE ET QVATRIEME ARRIVÉE DV COVRIER FRANÇOIS, APPORTANT TOVTES LES Nouuelles de ce qui s’est passé depuis sa troisiéme arriuée iusques à present. , françaisRéférence RIM : M0_830. Cote locale : C_1_40_04.


à Messieurs de la Cour de Parlement de cét attentat : Surquoy la Cour
a deliberé ce iourd’huy Lundy huictiéme Feurier, & ordonné que les
Arrests qu’elle a cy deuant rendus contre le Cardinal Mazarin, & pour
la seureté des Villes, seroient publiez au siege Presidial d’Orleans, & registrez
par le Lieutenant General & Officiers d’iceluy, qui les feront
executer, à peine d’en respondre en leurs propres & priuez noms, & d’interdiction
de leurs Charges.
 
Le Dimanche septiéme Feurier Messieurs les Duc d’Orleans & Prince
de Condé, ayant tiré de toutes le, garnisons qui sont és enuirons de la
Ville de Paris cinq mil hommes d’Infanterie & plus de trois mil de Caualerie,
firent filer toute la nuict leurs Troupes vers Charenton, qu’ils
sçauoient estre fortifié & gardé par vn Chef assez connu, pour ne pas
manquer de generosité. Et estans arriuez dés le grand matin du Lundy
dans la Valée de Fescamp, rechercherent & choisirent les postes sur vne
eminence la plus aduantageuse, là où ils placerent le fort & le gros de
leur Armée, & enuoyerent quelques Regimens pour attaquer ledit
Bourg de Charenton. Auant que de commencer l’attaque vn Trompette
somma Monsieur de Clanleu Gouuerneur de cette Place, de la rendre ;
qui fir response que Monsieur le Duc d’Elbœuf & Messieurs de la Cour
de Parlement luy en ayant baillé la garde, il la defendroit contre tous iusques
à la mort.
En l’attaque de cette Place ; par les aduenuës ordinaires, les assiegez firent
telle resistance, que de la premiere descharge de leurs Canons & Armes,
furent couchez par terre plus de quarante Soldats du Regiment de
Nauarre, la pluspart Officiers. Ce que sçeu par le Prince de Condé, qui
se tenoit dans le gros de l’Armée, croyant que les nostres voulans secourir
cette Place se trouueroient reduits à la necessité d’vn comba, tqui ne
ne leur pouuoit estre que tres-dommageable, veu l’aduantage des postes
où il auoit campé son Armée ; y enuoya le Duc de Chastillon auec le renfort
de Troupes, qui dés l’instant qu’il y fut arriué fut frappé d’vn coup
de mousquet dans la partie inferieure du ventre : Mais les Ennemis
voyans qu’ils ne viendroient pas à bout de leur dessein par les aduenuës
ordinaires, enuoyerent quelques vns de leurs Troupes par les clostures
des Iardins qui auoient esté abbatuës par quelques volées de Canon, &
ainsi entrerent par sur prise dans ledit Bourg en telle quantité, qu’il fut
force à nostre garnison, qui se voyoit enuelopée de toutes parts, ou de se
sauuer, ou de vendre bien cher sa vie ; ce que chacun fit selon qu’il y estoit
porté par son courage :
Ledit Sieur de Clanleu s’estant retiré vers le Pont pour le defendre,
tesmoigna en ce rencontre qu’il ne sçeut iamais ce que c’estoit que lascheté :
car ayant tué de sa main plus de dix de ses ennemis, tout blessé &
estropié qu’il estoit, refusant le quartier qui luy estoit ossert, tua encores