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Mazarinade n° A_8_21

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Brousse, Jacques [?] / Questier, Mathurin [faux] [1649], LE REVERS DV MAVVAIS TEMPS PASSÉ ET LA LIBRE ENTRÉE DE LA PAIX. DEDIÉ A SES ADORATEVRS. Par Me M. QVESTIER, dit FORT-LYS, Parisien. , françaisRéférence RIM : M0_3545. Cote locale : A_8_21.


de monstrer leurs playes & cicatrices, disant hardiment ; Voylà ce
que nous auons souffert pour deffendre nostre Roy & nostre Patrie.
Gloire inestimable ? puis que respandre son sang en telles occasions,
est conseruer la vie de ses freres & bons Compatriots.
Courage, les trauaux sont presque finis, le calme veut dominer l’orage ;
Il n’est plus temps de s’affliger, quand la ioye se veut emparer
de nos esprits, & chasser hors de nos cœurs la hayne & la discorde.
Et vous pauures Paysans consolez vos ames, la rigueur de
la guerre vous facilite l’entrée de la felicité eternelle ; Si l’on a violé
vos femmes & vos filles, ce n’est que pour les rendre plus nobles
& plus chastes deuant le trosne de Dieu. Ne pensez pas que
leurs ames en soient moins belles dans l’eternité. Et que d’estre
forcées par des pendarts, leur puisse rauir leur honneur parmy les
hommes. Non, non, mes chers amys, apprenez que necessité n’a
point de loy, & que c’est la force, & la rage de nos ennemis qui ont
causé vn mal qui n’est que pour vous donner apres ces troubles vn
perdurable contentement. Si nos ennemis ont pillé si peu que vous
auiez amassé pour vostre entretien, asseurez-vous que dans peu de
temps Dieu vous le multipliera au double. Que si ils ont insolemment
bruslé vos maisons ; imaginez vous qu’ils auoient besoin de
bois pour se chauffer ; mais consolez vous qu’ils n’ont sceu emporter
la place où elles estoient basties ; Et dites hardiment : Qu’ont-ils
gagné de me ruyner ? En sont-ils deuenus plus riches ? Ces marauts
se voyent maintenant confus, ils n’ont plus aucun lieu de retraitte.
Ma maison est rebastie beaucoup plus belle qu’elle n’estoit auparauant,
& Dieu benit mon trauail manuel, & fait distiller vne grasse
rosée sur les biens que i’ay semez en terre. Il ne m’importe plus
de viure puis que ie vay gouster les delices d’vne sauoureuse & agreable
Paix ; & que ie puis m’asseurer qu’elle demeurera incessamment
auec mes enfans. Mes pertes sont passées, voicy le temps
du gain ; Ie viuray & si ie ne doute point que ie dois voir mes amys
ioyeux & gaillards. La guerre ne peut pas tousiours durer, il est
tres-necessaire que la Paix prenne sa place. O ! adorable Paix, vien
icy nous t’attendons pour t’honnorer ! Nos cœurs desia commencent
à sautiller de ioye quand ils entendent dire que tu es contente
d’habiter parmy nous ! Vien donc & ne craint point d’estre trahie ;
car nous sommes tes vrays Zelateurs ; en quelque lieu où tu puisse
aller : tu ne te rencontreras iamais mieux que parmy nous. Vien